Qu’ont retenu les producteurs de fruits des États-généraux de l’alimentation (EGA) ? C’est sur ce thème qu’ils ont échangé le 25 janvier 2018, à Cavaillon (Vaucluse). La contractualisation et le partage de la valeur ajoutée ont cristallisé une bonne partie des débats. « Nous avons pu ressortir des pistes intéressantes de ces travaux, expose Aurélien Clavel, membre de JA et agriculteur dans l’Isère qui a participé à l’atelier des EGA sur la contractualisation. »
Besoin d’indicateurs
« La contractualisation nécessite la mise en place d’indicateurs de prix qui prennent en compte nos coûts de production, expose-t-il. Soit sur la base de nos charges d’exploitation, soit en déterminant des tunnels de prix, plancher et plafond. Elle doit, en outre, aller jusqu’au metteur sur le marché final. » La condition sine qua non pour parvenir à un partage équitable de la valeur ajoutée. « Nous verrons ainsi davantage d’installations. »
Pour Luc Barbier, le président de la Fédération nationale des producteurs de fruits (FNPF), les indicateurs de prix doivent s’établir dans le cadre des interprofessions. « N’oublions pas que les tarifs de nos fruits dépendent du niveau de production, des conditions météo et de la consommation », observe-t-il.
Cinq ans au minimum
Réglementer les prix ? Olivier Charles, le PDG d’Aptunion, à Apt (Vaucluse), spécialisé dans la fabrication de fruits confits n’y croit guère. « À l’inverse, je crois aux contrats, indique-t-il. Ils n’ont toutefois de valeur qu’à condition de comporter une durée qui doit être, dans l’univers du fruit, de 5 ans au minimum, ainsi qu’une quantité définie au préalable. »
Aptunion achète ainsi la totalité de leur récolte aux producteurs de cerise d’industrie avec lesquels elle a souscrit des contrats. Ces derniers prévoient aussi un prix d’achat basé sur le cours du marché et indexé sur l’inflation. « Plutôt que de partager de la valeur, ajoute-t-il, il faut s’attacher à en créer en expliquant aux consommateurs d’où viennent les fruits qu’ils achètent sur les étals, de quelle manière ils sont cultivés, par qui… »
Un point de vue partagé par Aurélien Clavel : « L’acte de production doit se rapprocher de l’acte de consommation. » Tous les acteurs attendent maintenant le 31 janvier prochain, date de présentation de la loi mijotée par le ministre de l’Agriculture à la suite des EGA. « À l’issue de ces travaux, nous avons remis notre plan de filière, souligne Luc Barbier. La balle est dans le cas du gouvernement. Toutefois, si rien n’est mis en œuvre, nous le ferons nous-mêmes dans le cadre interprofessionnel. »