Le 12 février 2025, FranceAgriMer a de nouveau révisé à la baisse ses prévisions d’exportations de blé tendre vers les pays tiers de 100 000 tonnes sur un mois, à 3,4 millions de tonnes, soit une baisse de 67 % sur un an.

La France n’a pas suffisamment de disponible exportable, « et en plus nous ne sommes pas très compétitifs par rapport aux origines de la mer Noire », constate Habasse Diagouraga, chargé d’études économiques sur les céréales, lors de la conférence de presse à l’issue du conseil spécialisé des grandes cultures de FranceAgriMer. La Russie est très présente en Algérie et au Maroc, nos principaux pays tiers acheteurs historiques de blé avec la Chine, et également dans les pays de l’Afrique subsaharienne.

Maroc, Algérie et Chine en retrait

Lors de la campagne précédente, le Maroc était le principal acheteur de blé tendre français, avec 2,8 millions de tonnes. Durant les six premiers mois de cette campagne de 2024-2025, la France n’a exporté que 500 000 tonnes de blé vers cette destination. « Nos prévisions pour la fin de campagne s’établissent entre 1,2 et 1,5 million de tonnes vers le Maroc », informe Habasse Diagouraga. L’Algérie a, quant à elle, importé seulement 31 000 tonnes de blé français depuis le début de la campagne. « La Chine, qui a importé une part considérable de blé français ces trois dernières campagnes, est par ailleurs absente », ajoute le spécialiste.

FranceAgriMer a, en revanche, rehaussé les exportations françaises de blé tendre vers l’Union européenne de 105 000 tonnes sur un mois, à 6,24 millions de tonnes. La France devrait au total exporter 9,74 millions de tonnes de blé en 2024-2025 (vers pays tiers et Union européenne), soit un volume en baisse de 41 % sur un an.

La France « pas la meilleure candidate » pour prendre le relais des exportations russes

Du côté de la mer Noire, « les baisses des exportations de blé et de maïs se confirment » pour la campagne de 2024-2025, indique Julie Garet, cheffe de l’unité des grains et sucre de FranceAgriMer. Selon les dernières données de février 2025 d’UkrAgroConsult, les exportations ukrainiennes de blé atteindraient 16,2 millions de tonnes en 2024-2025 (contre 18,3 millions de tonnes en 2023-2024) et 20,4 millions de tonnes en maïs (contre 29,7 millions de tonnes en 2023-2024).

En Russie, les exportations de blé s’élèveraient à 42,5 millions de tonnes en 2024-2025 (contre 52,6 millions de tonnes en 2023-2024). Celles d’orges seraient divisées par deux, passant de 8 millions de tonnes en 2023-2024 à 4 millions de tonnes en 2024-2025. La baisse est également marquée en maïs : les exportations sont attendues à 3 millions de tonnes, contre 7 millions de tonnes lors de la précédente campagne.

Si la limitation des exportations russes « laisse la place aux autres », « encore faut-il avoir de quoi exporter », souligne Julie Garet. Elle estime ainsi que pour cette campagne de 2024-2025 de blé tendre, la France « n’est pas dans les meilleurs candidats », en raison de sa baisse de production. Elle note toutefois que la France « a, a priori, des bateaux à destination du Maroc, donc [les exportations] pourraient reprendre vers cette destination. On attend la confirmation. »

Plusieurs pays de retour aux achats d’orges françaises

Les exportations d’orges françaises vers les pays tiers ont, elles, été rehaussées de 100 000 tonnes comparativement au mois dernier, pour atteindre 2 millions de tonnes (en retrait de 47 % sur un an). « La Chine est revenue [aux achats] » avec de gros volumes récemment, justifie Habasse Diagouraga. L’empire du Milieu a importé 593 000 tonnes d’orges françaises depuis le début de la campagne de commercialisation de 2024-2025. « C’est en baisse de 70 % par rapport aux 2 millions de tonnes sur la même période en 2023-2024, mais on part sur de bonnes perspectives », précise-t-il. Jordanie, Tunisie, Maroc… Plusieurs pays ont récemment acheté de l’orge française.

FranceAgriMer a par ailleurs revu à la baisse le volume d’orge exporté vers l’Union européenne, principalement vers l’Allemagne : « Un ajustement a été fait compte tenu du réalisé », développe Habasse Diagouraga. Le volume prévu vers cette destination sera « difficile à atteindre », dans la mesure où seulement 38 % a été réellement exporté pour le moment.

La pluie fait des dégâts pour la récolte de 2025 de céréales

« On a vécu un mois de janvier avec, par endroits, un niveau presque record de pluies », a indiqué Benoît Piètrement, président du conseil spécialisé des grandes cultures de FranceAgriMer. Des zones ont été inondées, ou ont connu des excès d’eau, mais les dégâts sont « encore difficiles à chiffrer ».

Si les semis à l’automne sont supérieurs à la campagne précédente, l’évolution des cultures présente du retard, a ajouté Benoît Piètrement. Il espère que la fin de l’hiver et le début du printemps « seront plus secs qu’en ce moment », ce qui permettrait « aux stades des cultures d’avancer. »

En revanche, pour les orges de printemps semées à la fin de l’automne, « c’est plutôt la cata », juge ce dernier. « L’excès d’humidité ne pardonne pas. Les dégâts sont, semble-t-il, importants », ajoute Benoît Piètrement. Même si cette pratique « reste marginale », « il y aura sûrement des resemis au printemps ».