« Les années se suivent et ne se ressemblent pas », souligne Daniel Sauvaitre, président de l’Association nationale pommes poires (ANPP), le 31 août 2023 à Paris, à l’occasion du lancement de la campagne de 2023. « La campagne de 2022 a été tout sauf simple, avec une petite récolte et une qualité qui n’était pas celle escomptée. On a vu les prix s’améliorer, et la fin de la campagne a été bien meilleure qu’au démarrage. »

La campagne de 2022 de la pomme française s’est caractérisée par une « petite récolte », pour la troisième année consécutive, à 1,391 million de tonnes. La récolte de poires, à 147 000 tonnes, est au contraire supérieure à la moyenne des trois dernières années, « pas loin du plein potentiel de production en France », souligne Vincent Guérin, responsable des affaires économiques de l’ANPP.

Recul des exportations en 2022

Les ventes à l’exportation sur le marché du frais ont marqué un net recul en 2022, au Royaume-Uni et sur le grand export, en raison de la canicule qui a entraîné des problèmes de conservation des fruits. Après un début de campagne dynamique sur ces destinations, l’exportation a été bloquée dès le mois de décembre par les opérateurs, ne voulant pas faire voyager des pommes de longues semaines sur des destinations lointaines. « Cela aurait été commercialement trop risqué, appuie Vincent Guérin. Cette baisse des exportations est plus liée à l’offre qu’à un recul de la demande sur ces destinations. »

Sur la campagne de 2022-2023, le volume de pommes importé marque un recul, à 89 000 tonnes, dont 36 000 tonnes pour la transformation, « soit 30 000 tonnes de moins que l’année précédente et celle d’avant », souligne Vincent Guérin. La demande des industriels de la compote reste active : les achats en France des industriels de la transformation sont supérieurs aux dernières années. La campagne française s’achève avec un stock « quasi inexistant » au 1er juillet, et un marché « vide » durant l’été. En poire, la campagne de déstockage a également été active, malgré le bon volume récolté.

Une année 2023 loin du plein potentiel

L’ANPP estime la récolte de pommes à 1,501 million de tonnes en 2023, « supérieures aux trois années antérieures, mais pas au plein potentiel », commente Vincent Guérin. Selon ce dernier, la variété Golden retrouve notamment des couleurs, avec une meilleure production que l’an passé. La production française de pommes devrait être plus abondante, « sans être pléthorique », ajoute-t-il. Elle devrait mieux se conserver, en l’absence d’accident climatique à ce stade.

Celle de l’Union européenne est attendue à 11,41 millions de tonnes, en retrait de 3 % par rapport à 2022, et très inférieure au plein potentiel de 14 millions de tonnes. « L’Allemagne est en année d’alternance négative. Malgré la canicule, l’Espagne connaît une bonne récolte. Celle de la Pologne est en retrait de 11 % », rapporte Vincent Guérin. Hors Union européenne, il note une petite récolte attendue en Inde qui pourrait laisser de la place à l’Italie et la Pologne, déjà présentes sur ce marché, et soulager la fluidité du marché sur les autres destinations.

Le secteur de la transformation est « plutôt demandeur » dans l’Union européenne. Le marché du concentré est ferme, en lien avec le repli de l’offre européenne, et un déficit en oranges qui entraîne un report vers la pomme. Le marché de la compote, plutôt franco-français, est aussi demandeur.

Recul de la récolte de poires en 2023

L’ANPP table sur une récolte de poires à 105 000 tonnes en 2023 (–29 % sur un an), une baisse en lien avec le phénomène d’alternance. Le volume attendu en 2023 reste inférieur à la moyenne de 113 000 tonnes, mais mieux qu’en 2021 (58 000 tonnes), où le gel avait fait d'iimportants dégâts. La variété Guyot devrait accuser le plus fort déficit (–45 %).

À l’échelle de l’Union européenne, la récolte de poires est attendue à 1,747 million de tonnes, en baisse sur un an (2,004 millions de tonnes en 2022). « Les Pays-Bas et la Belgique devraient avoir une bonne récolte, tandis que l’Italie, qui a encore subi des accidents climatiques, devrait connaître un déficit important », indique Vincent Guérin.