En 2021-2022, le potentiel de production de soja a chuté en Amérique du Sud, notamment en Argentine, où une sécheresse a sévi pendant la phase de floraison. Malgré une diminution des exportations, les stocks de fin de campagne de l’Argentine et du Brésil vont en être affectés.
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« Un niveau extrêmement bas »
Ces derniers sont « attendus à un niveau extrêmement bas », explique Libin Zhou, de Refinitiv, fournisseur mondial de données et d’infrastructures sur les marchés financiers. Le département américain de l’Agriculture (USDA), les évalue à, respectivement, à 19,3 et 21,4 millions de tonnes, en baisse de 23 % et 27 % sur un an.
Évolution des exportations de soja des États-Unis, du Brésil et de l’Argentine.
Cette baisse de production a également un impact sur les stocks américains. En effet, les États-Unis devraient partiellement compenser le manque de disponibilité de l’Amérique du Sud en boostant leurs exportations. Leurs stocks sont attendus à environ 6 millions de tonnes (6,4 millions de tonnes selon l’USDA, 5,8 millions de tonnes selon Refinitiv), un niveau qui n’avait pas été atteint depuis 2015-2016.
Record de production en vue en 2022-2023
Pour la campagne 2022-2023, l’USDA table sur un net rebond de la récolte mondiale, à 394,7 millions de tonnes soit 45,3 millions de tonnes supplémentaires sur un an. « La production en Amérique du Sud va augmenter de manière très importante, de 39 millions de tonnes, relève Libin Zhou. Les prix, au plus haut depuis dix ans, devraient encourager les agriculteurs à semer du soja. »
Le Brésil représenterait plus de la moitié de la hausse (+ 25 millions de tonnes), et la récolte pourrait atteindre un record de 149 millions de tonnes. Celle de l’Argentine devrait, quant à elle, s’afficher à 51 millions de tonnes (+ 8,5 millions de tonnes).
Stockk de fin de campagne de soja des États-Unis, du Brésil et de l’Argentine.
Des incertitudes météo
Libin Zhou souligne toutefois des incertitudes météo durant la phase de développement du soja dans l’hémisphère Sud, de novembre à février. Pour l’heure, les analyses montrent que le phénomène climatique La Niña est marqué cette année. Si la tendance se confirme, la campagne serait particulièrement favorable à la production brésilienne, ainsi qu’américaine. L’Argentine pourrait être, elle, encore une fois pénalisée par un manque de précipitations.
Les hausses de production pressenties devraient contribuer à la reconstitution des stocks de fin de campagne 2022-2023. Hors Chine, ces derniers sont ainsi attendus en nette hausse par l’USDA, de 13,56 millions de tonnes sur un an, à 68,04 millions de tonnes. Une tendance qui se décline chez les trois principaux exportateurs : États-Unis, Argentine et Brésil.
Refinitiv table de son côté sur une nouvelle baisse des stocks américains, à seulement 4,6 millions de tonnes. La structure estime en effet que le pays pourrait maintenir son activité d’exportation, pour répondre à la demande dynamique en Chine et dans le reste du monde.
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