Quoique plus volatils ces derniers jours, les cours du maïs restent élevés sur le marché mondial, à 235 dollars la tonne à Chicago le 31 décembre 2021 (nouvelle récolte). Du jamais vu depuis 2013 ! La difficile reconstitution des stocks américains, notamment, est l’une des raisons qui expliquent ces niveaux de prix. En effet, malgré la bonne récolte des États-Unis et des stocks finaux évalués à 38 Mt en 2021-2022, le ratio stocks/utilisation ne devrait pas dépasser les 10 % cette campagne contre 15-20 % ces dernières années (mais 7-8 % en 2020-2021 du fait de la vague d’importations chinoises).
« La demande domestique et internationale est toujours très élevée, souligne Arthur Boy, du service économie de l’AGPM (1). La Chine reste très présente sur ce marché même si elle ne devrait pas réitérer son record d’importation du printemps 2021. » Les achats chinois sont évalués entre 20 et 26 Mt, selon les analystes, pour 2021-2022. Ce qui tire à la hausse les échanges mondiaux plus rapidement que prévu. Ainsi, avec une prévision de 205 Mt exportées cette campagne, le maïs rejoindrait le blé (205,5 Mt). Il pourrait même pour la première fois le dépasser pour devenir la première céréale échangée dans le monde.
Météo sud-américaine à surveiller
Autre facteur de hausse des prix mondiaux : la sécheresse au Brésil, qui a mis à mal la récolte en 2021. Cette dernière est évaluée à 85 Mt contre un potentiel de 110 à 115 Mt. Il a fait également sec ces dernières semaines dans le sud du pays ainsi qu’en Argentine, pénalisant les maïs en cours de pollinisation. « La météo de janvier et février en Amérique du Sud va dicter l’évolution des cours du maïs pour la suite de la campagne », insiste le chargé de mission économie pour l’AGPM. D’autant plus que ces deux pays ont emblavé des surfaces records du fait de marges élevées pour les producteurs, avec plus de 20 millions d’hectares (Mha) au Brésil (18 Mha en moyenne depuis cinq ans), et 7,3 Mha en Argentine (6 Mha en moyenne). La hausse de la sole brésilienne est essentiellement portée par celle des maïs safrinha (semés en deuxième culture après du soja dont les surfaces augmentent). Et en Argentine, cela fait deux ans que le gouvernement a réintroduit des taxes à l’export, rendant le maïs un peu plus intéressant que le soja.
Par ailleurs, aux États-Unis, « on observe un rebond de la demande de maïs pour la production d’éthanol, commente Arthur Boy. Avec la hausse du prix du pétrole, les marges des producteurs d’éthanol sont très bonnes, donc le niveau de production est assez élevé ». Pour 2022, le marché du maïs dépendra aussi des arbitrages entre la céréale et le soja américains, en fonction du prix des deux cultures et celui des fertilisants azotés.
(1) Association générale des producteurs de maïs.