641 900 €, c’est le montant de l’actif moyen que possède une exploitation spécialisée en bovins viande d’après une publication sur la transmissibilité des élevages bovins viande du réseau d’élevages Inosys (1). L’actif correspond à tout ce que possède l’entreprise, plus ce qui lui est dû (créances). Ce chiffre est calculé en moyenne sur 8 ans de 2014 à 2021 sur un échantillon de 1 161 exploitations spécialisées, en rythme de croisière (2). Pour les exploitations en polyculture bovins viande la facture grimpe à 740 000 € (316 exploitations dans l’échantillon). Dans le cas d’une transmission, la reprise est souvent lourde à financer et le cheptel représente une part importante du capital à reprendre lors d’une installation. C’est ce que confirme l’étude.

Le poids du cheptel augmente

Pour les élevages spécialisés, le cheptel pèse 45 % de l’actif en moyenne. La valeur du cheptel est passée de 267 500 € en 2014 à 284 300 € en 2021, soit + 6 %. Le nombre de vaches s’approche des 100 têtes en moyenne en 2021. En polyculture, le cheptel pèse moins dans l’actif, seulement 31 %, mais sa valeur augmente davantage sur la période de l’étude. Elle passe de 203 000 € en 2014 à 248 800 € en 2021, soit + 18 %. Le nombre de vaches progresse de 74 à 81 entre 2014 et 2021. Pour le chef d’entreprise, l’objectif doit être de limiter les capitaux mobilisés hors cheptel car « ils ne génèrent pas directement de produit » et ils sont sujets à un risque plus important de « dévalorisation », souligne l’étude.

Les bâtiments représentent respectivement 9 % et 14 % de l’actif, le parc matériel 16 % et 21 %, et les autres biens, qui comprennent le foncier, les parts sociales et la trésorerie réalisable (créances, TVA à recevoir et acomptes) 26 % et 38 %.

(© Copie d'écran réseau d'élevage Inosys)

À partir de 2022, l’actif (ce que possède l’entreprise et la trésorerie réalisable) « devrait sensiblement » augmenter face à la revalorisation du cheptel bovin (la valeur d’inventaire passerait de 1 700 €/UGB à plus de 2 000 €/UGB) et de l’évolution du prix des nouveaux matériels, note l’étude.

Un actif qui progresse davantage chez les polyculteurs

Hors foncier et trésorerie réalisable, l’actif a progressé de 18 % chez les polyculteurs. C’est la valeur du parc matériel et des installations qui a le plus augmenté, + 19 %. Elle tient une place plus importante en polyculture du fait du matériel dédié aux cultures. Vient ensuite la valeur du cheptel qui augmente de 18 % et les bâtiments + 14 %. Le montant total de l’actif hors foncier et trésorerie réalisable, dépasse 500 000 €/UMO ex (3) en 2021.

Pour les exploitations spécialisées, l’actif hors foncier et trésorerie réalisable augmente moins vite, + 6 % en huit ans. C’est la valeur du parc matériel et des installations qui a le plus augmenté (+ 11 %) et celle du cheptel + 6 %. L’actif hors foncier et trésorerie réalisable représente 370 400 €/UMO ex pour 2021. Il faut mobiliser 7,72 € d’actif hors foncier pour dégager 1 € d’EBE pour les exploitations spécialisées et 5,76 € d’actif hors foncier pour 1 € d’EBE pour celles en polyculture élevage.

Moins de dettes chez les spécialisés

Si la valeur de l’actif est plus importante chez les polyculteurs éleveurs de bovins viande, le poids des dettes long et moyen terme (LMT) et court terme (CT) est aussi plus important. Elles atteignent 152 000 €/UMO ex pour les dettes LMT et 124 100 € pour les CT en moyenne sur huit ans contre 105 900 €/UMO ex et 62 100 €/UMO ex pour les éleveurs spécialisés. En 2021 leur taux d’endettement est respectivement de 42,5 % et 32,5 %, les exploitations spécialisées disposant de moins de « latitudes financières pour emprunter » estime l’étude.

Actif stable à l’hectare

Ramenée à l’hectare, la valeur de l’actif total moyen sur huit ans est « relativement » stable car les surfaces exploitées augmentent sur la période. Elles sont en moyenne de moins de 150 ha pour les spécialisés et 200 ha pour les exploitations de polyculture élevage. La valeur de l’actif par hectare atteint respectivement 4 500 €/ha et 3 800 €/ha en moyenne.

L’élevage de bovins viande est une activité « gourmande en capitaux » et « associée à des résultats économiques insuffisants » cela pénalise le retour sur investissement lors d’une reprise, souligne l’étude. Des concessions sont souvent faites par les éleveurs sur les prélèvements privés note l’étude. La reprise est lourde dans les deux systèmes, mais généralement plus vite rentabilisée dans les systèmes polycultures élevage qui affichent une meilleure rentabilité. Sur l’échantillon elles atteignent un EBE moyen sur 8 ans de 69 600 €/UMO exploitant (contre 49 100 €/UMO exploitant pour les spécialisés) et 57 % des exploitations génèrent au moins 2 Smic net de revenu disponible (EBE — annuités — frais financiers court terme).

(1) Évaluer la transmissibilité des élevages bovins viande, collection Théma d’Inosys réseaux d’élevage de l’Idele publié le 12 février 2024.

(2) L’étude est réalisée sur un échantillon de 1 477 fermes en bovins viande du réseau Inosys sur la période 2014-2021. 1 161 sont spécialisées en production bovins viande et 316 sont en polyculture élevage bovins viande (moins de 40 ha et plus de 1/3 de la SAU en grandes cultures). Les exploitations possédant un atelier hors-sol sont exclues. Il faut noter que les exploitations suivies dans le cadre du réseau Inosys sont plus performantes que la moyenne nationale et sont en rythme de croisière et non en phase d’installation ou en fin de carrière, ce qui a des incidences sur le niveau d’endettement.

(3) Unité de main-d’œuvre exploitant.