Malgré une année 2022 assez particulière, cumulant une hausse du coût des intrants assez exceptionnelle et des conditions climatiques « historiquement chaudes et sèches » qui ont restreint la production fourragère, « les exploitations laitières françaises ont, dans leur ensemble, amélioré leur revenu ». C’est l’Idele qui le révèle dans son dossier annuel économie de l’élevage portant sur les bovins laitiers de février 2023. La hausse du prix du lait, mais aussi de la viande et des céréales a permis de redresser les revenus, détaille l’institut, mais « les écarts n’ont jamais été aussi élevés au sein des systèmes ».
Des « sommets historiques » en polyculture élevage
Les revenus de 2022 (1) atteignent des « sommets historiques » pour les systèmes associant lait et grandes cultures (124 hectares). Pourquoi ? Notamment grâce aux céréales. En revanche, ils ont plafonné dans les exploitations laitières de montagne, et se sont dégradés en bio.
La hausse des produits compense en plaine
Les systèmes laitiers de plaine, avec 28 hectares de cultures en moyenne, les mixtes lait et viande et ceux en polyculture-élevage (124 hectares de cultures en moyenne) sont portés par la hausse des produits (lait + 75 €/1 000 l en moyenne, céréales et viande) qui compense largement en 2022 les augmentations de charges. Le résultat courant de ces exploitations a respectivement progressé de 53 % (+ 23 000 €/UMO exploitant), de 72 % (+ 33 000 €/UMO exploitant) et de 46 % (+ 29 000 €/UMO exploitant) en 2022 par rapport à 2021.
De fortes disparités intragroupe
L’Idèle relève de forts écarts types au sein de chaque groupe. Par exemple, pour les exploitations laitières de plaine le résultat courant s’échelonne de 42 000 €/UMO exploitant pour le quart inférieur à 84 000 €/UMO exploitant pour le quart supérieur.
Charge de fourrage en montage de l’Est
Pour le groupe « montagne et piémont du Sud », le revenu progresse de 38 % (+ 5 500 €/UMO exploitant). Ce qui reste relatif comparativement aux exploitations de plaine observe l’Idele, et qui n’est pas comparable aux exploitations du groupe « montagne de l’Est » (lait AOP).
La baisse des livraisons et l’achat de fourrage a plombé les résultats de ce groupe. Le résultat courant des exploitations recule de 7 000 €/UMO exploitant, pour se situer à 32 100 €/UMO exploitant, malgré une hausse du prix du lait à Comté et Reblochon de 30 €/ 1 000 l en moyenne. Il reste cependant supérieur de 25 % à ceux des autres massifs montagneux, pointe l’Idele.
La bio à la peine
Les exploitations bio dont les systèmes sont « majoritairement axés sur le pâturage et l’herbe récoltée, ont été plus fortement exposées à la pénurie d’herbe ». Elles ont subi un « véritable effet ciseau » avec l’augmentation des charges liées au manque de fourrages et à une baisse des produits.
Nombre d’exploitations ont vu leur production baisser et les prix de vente du lait bio « au mieux stagner », voire baisser selon les collecteurs : –3 €/1 000 l en moyenne. Le résultat courant de 2022 chute de 7 000 €/UMO exploitant, pour atteindre 23 400 €. C’est le plus faible niveau de tous les systèmes. La rentabilité des exploitations bio stagne depuis 2018, ajoute l’Idele.
Stock et épargne de précaution
L’Institut relève que les exploitations qui ont le mieux réussi à maintenir leur revenu sont celles qui disposaient de surplus de stocks fourragers importants. « Cela montre l’intérêt de disposer de stocks de fourrages conséquents et quand l’opportunité se présente de constituer une réserve conjoncturelle ». De même, les élevages qui ont le mieux fait face à la flambée du prix des intrants sont ceux qui ont pu disposer d’une épargne de précaution.
(1) Pour déterminer les revenus de 2022, l’Idele a réalisé des estimations sur 298 exploitations du réseau Inosys, dont 45 élevages en bio et 253 exploitations en production conventionnelle, en appliquant des indices d’évolutions des produits et des charges sur les résultats de 2021 à structure de production constante.
Les niveaux de revenus des exploitations du réseau Inosys sont « nettement » supérieurs à ceux des exploitations du réseau Rica, de l’ordre de + 40 % en plaine et + 30 % en montagne (hors AOP) et ne sont donc pas représentatifs des niveaux de revenus de la moyenne des exploitations françaises. Leur évolution est comparable.