Méthode de calcul
Le coût de production est égal à la somme des charges engagées pour la production d'un produit : les charges courantes, charges variables et charges fixes, les amortissements, ainsi que les charges supplétives, qui visent à rémunérer les facteurs de production que l’exploitant met à disposition de son entreprise (son travail et ses capitaux). Cependant, cette définition n’est pas traduite par un standard normalisé pour l’ensemble des productions.
Répartir les charges par atelier
Les coûts de production sont en général calculés pour chaque atelier de l’exploitation. Le calcul est ramené à une unité de produit, par exemple en euros par 1 000 l en lait. « Les contours de l’atelier doivent être bien définis, cela peut être subtil », souligne Bertrand Oudin, président de Ceresco, cabinet d’études qui a décrit avec cinq instituts techniques la diversité des données et des méthodes de calcul du coût de production. Intégration ou non des surfaces intra-consommées, prise en compte du renouvellement interne... Pour une exploitation à plusieurs productions, la répartition des charges variables (alimentation, frais d’élevage...) peut se faire selon la consommation, la surface utilisée, le nombre d’animaux, le chiffre d’affaires ...
Répartir les charges fixes
Sur un atelier, plusieurs méthodes existent pour la répartition des charges fixes (fermage, entretien du matériel...). L’affectation peut être proportionnelle à la surface ou au capital utilisé, ou en employant un jeu de coefficients comme le propose l’Institut de l’élevage (Idele). « Cette répartition peut avoir des impacts non négligeables », alerte l’expert.
Choisir le type d’amortissements
L’usure des biens de production (bâtiments, matériel) se traduit par des amortissements, pris en compte dans le calcul du coût de production. On distingue les amortissements comptables, qui intègrent la valeur d’achat, la durée et le type d’amortissement (linéaire ou dégressif) des amortissements techniques, qui prennent en compte la durée de vie technique du bien en fonction de son niveau d’utilisation annuel.
Rémunération du travail
Le coût de production doit également intégrer le coût du travail de l’exploitant, qui constitue, avec le coût des capitaux propres et des terres en propriété, les charges supplétives. « C’est un choix arbitraire qui peut être politique ou plus ancré dans la réalité », nuance Bertrand Oudin. La rémunération du travail de l’exploitant se calcule en multipliant le coût unitaire par l’estimation du temps de travail passé sur l’atelier. Dans la méthode proposée par l’Idele, le travail de l’exploitant est rémunéré sur la base de 2 Smic bruts par UMO pour élaborer les référentiels de coût de production.
Divers usages
Recherche de performance
Le calcul et l’analyse d’un coût de production permettent aux exploitants agricoles de se comparer à une référence et d’identifier leurs marges de progrès pour améliorer la compétitivité d’une ou de plusieurs productions données.
Outil d'aide à la décision
L’utilisation des coûts de production est également requise lors d’une installation ou d’une diversification afin d’étudier la viabilité économique du projet. Le nombre d’organismes qui les calculent est en croissance, ce qui permet d’anticiper l’évolution des exploitations dans leur environnement (changement climatique, modification des pratiques et de la réglementation ...).
Utilisation politique
Plusieurs interprofessions ont mis en place des indicateurs de coûts de production. « Établir des références à l’échelle d’une filière nécessite un calcul robuste du coût de production, note Bertrand Oudin. Les enjeux économiques sont importants. » Ces données doivent servir de base à la formation des prix des produits agricoles dans le cadre de la loi Egalim. Cette dernière impose la prise en compte d’indicateurs pertinents pour déterminer le prix dans les contrats. Alessandra Gambarini