« Grâce aux efforts de tous, la France sera une terre de lait durable, affirme Caroline Le Poultier, directrice générale du Cniel. La filière n’a pas à rougir de ses nombreuses démarches de progrès mais il faut poursuivre les efforts et communiquer davantage, et plus efficacement, sur nos engagements. »
Maîtriser l’empreinte « eau » du lait et le faire savoir
D’après les dernières estimations de l’Institut de l’élevage (Idele), il faut entre 17 et 64 litres d’eau pour produire un litre de lait en fonction du système considéré.
« L’utilisation de boucles de recyclage d’eau, en laiteries et à la ferme pour les eaux de lavage, ou encore la mise en place de programmes de prévention et de gestion des accidents dans les usines ont conduit à une économie de 20 % des volumes d’eau en dix ans », résume le dossier « Un secteur laitier durable en Europe » publié dans le cadre du projet européen EMF (European Milk Forum).
Le projet EMF, conduit avec cinq autres pays de l’Union (Belgique, Danemark, Irlande du Nord et du Sud, Pays-Bas), a notamment pour objectif de mettre en avant certaines données scientifiques reconnues afin de rationaliser le débat autour de l’élevage et de l’environnement. « Moins d’un français sur deux connaît les initiatives de la filière en matière de préservation de l’eau et 60 % se disent ouverts à plus d’information concernant l’alimentation durable », insiste Sophie Bertrand, chef du service environnemental au Cniel.
Travailler sur la qualité de l’eau à la ferme
Depuis 25 ans, les deux programmes de maîtrise des pollutions d’origine agricole (PMPOA) accompagnent les éleveurs sur le volet de la qualité de l’eau, et de fait sur la problématique des nitrates, via l’adaptation des bâtiments et des outils de stockage des effluents.
« Aujourd’hui les résultats sont là, les systèmes français ont fait la preuve de leur capacité à restaurer la qualité de l’eau, se réjouit Vincent Manneville, chef de projet de l’évaluation environnementale à l’Idele. Dans toutes les zones vulnérables d’élevage, les quantités d’azote chimique ont diminué de 20 à 40 % en l’espace de dix ans, contrairement aux zones de grandes cultures. »
Pour Marc Jourdain, éleveur dans le centre de la Bretagne, ce résultat passe par la rationalisation du plan de fertilisation pour chaque parcelle et l’utilisation optimisée des engrais naturels présents sur l’exploitation. « En transformant les effluents en engrais, les éleveurs se sont engagés dans une forme d’économie circulaire vertueuse, complète Vincent Manneville. L’activité biologique du sol s’en trouve renforcée et empêche le départ de l’azote vers les eaux profondes. »