Il a fait 1,7°C plus chaud que la moyenne des trois dernières décennies et le réchauffement y est deux fois plus rapide que la moyenne mondiale. Le record absolu date de 2016. La tendance est évidente : les cinq dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées, selon la NOAA, qui a coordonné ce rapport de référence écrit par plus de 80 scientifiques de douze pays. « La multiplication des records et quasi-records de température depuis 2014 est sans précédent dans l’histoire des relevés », prévient l’agence.
Un cercle vicieux
Dans l’océan Arctique, la glace se forme de septembre à mars, mais la saison se raccourcit inexorablement au fil des années. Les glaces sont moins épaisses, plus jeunes et couvrent moins d’océan. La vieille glace, c’est-à-dire âgée de plus de quatre ans, s’est réduite de 95 % depuis 33 ans.
C’est un cercle vicieux : des glaces plus jeunes sont plus fragiles et fondent plus tôt au printemps. Moins de glace signifie moins de réflexion solaire : l’océan absorbe plus d’énergie et se réchauffe donc un peu plus. Les douze années de plus faibles couvertures glaciaires sont… les douze dernières années.
Les caribous en danger
« Le réchauffement continu de l’atmosphère et de l’océan arctiques provoque de vastes changements dans le système environnemental, d’une manière conforme aux prévisions, mais aussi surprenante », résume l’agence. Les populations de caribous et de rennes sauvages de la toundra sont en déclin depuis le milieu des années 1990.
Deux seulement des 22 troupeaux surveillés n’ont pas décliné. Cinq ont perdu plus de 90 % de leurs membres dans la région Alaska Canada et « ne montrent aucun signe de reprise ». « Certains troupeaux ont des populations au plus bas niveau jamais enregistré », avertit l’agence. La plupart sont officiellement classés en danger ou rares.
Multiplication des algues toxiques
La cause est probablement l’allongement de l’été et de ses maux pour les bêtes, bien équipées pour l’hiver, mais pas pour la saison douce : parasites, puces, maladies… Le réchauffement aide, au contraire, les algues rouges toxiques (planctons microscopiques ou bien algues plus grosses) à conquérir de nouveaux territoires en pénétrant les eaux de moins en moins froides de l’Arctique, où poissons et crustacés peuvent s’empoisonner.
« Les données récoltées dans la dernière décennie montrent clairement que de multiples espèces toxiques d’algues sont présentes dans la chaîne alimentaire de l’Arctique à des niveaux dangereux et il est très probable que ce problème persiste et, sans doute, empire à l’avenir », selon la NOAA.