«Tout est parti de l’appel à projets « 100 exploitations exemplaires », lancé par la région Provence-Alpes-Côte d’Azur en 2010, dans le cadre du programme Agir », raconte Rémy Thieuloy, céréalier à Fontvieille, dans les Bouches-du-Rhône. Cette candidature a donné lieu à un audit énergétique, réalisé par la chambre d’agriculture. « Nous avons ainsi pris conscience que nos pratiques d’agriculture raisonnée allaient dans le sens d’un meilleur respect de la planète », complète l’exploitant. Or, ces méthodes culturales ne sont pas connues du public.

Création d’une marque

« Nous avons voulu les expliquer au consommateur final en créant une gamme de produits à partir de nos grains », poursuit Mireille Thieuloy. Aujourd’hui, le couple transforme 30 % de sa récolte. La coopérative Arterris absorbe le solde. À partir de leurs céréales et oléagineux, les agriculteurs élaborent, sous la marque Moulin du Mas de Daudet, le nom de l’une de leurs parcelles cadastrées, des farines de blé tendre, de blé dur, de pois chiche, de lentille verte, de polenta, de boulgour ainsi que des pâtes en sachet aux formes variées. Les lentilles vertes et les pois chiches sont également vendus non transformés.

La production a démarré en 2014. Les farines sont alors élaborées par un prestataire extérieur et les pâtes à partir d’une machine en location. « Cela nous a permis de faire différents essais et de nous faire la main ! » plaisante Rémy. Au même moment, l’agriculteur, qui travaillait jusque-là avec ses parents, s’installe en nom propre. « Ces changements dans notre activité ont nécessité de nombreux investissements, explique-t-il. Les banques ont accepté de les financer, à condition de les étaler dans le temps. »

Un hangar à matériel agricole, équipé de panneaux photovoltaïques, est sorti de terre en 2014. Deux ans plus tard, une boutique a vu le jour à la ferme. « Nous avons commencé à vendre nos farines et nos pâtes, ainsi qu’une poignée de produits du terroir et de fruits et légumes issues des exploitations voisines », ajoute Rémy. Petit à petit, d’autresE débouchés se mettent en place, grâce au travail de prospection effectué par Mireille.

Un moulin à meule de pierre

Le Moulin Mas de Daudet rentre dans des épiceries fines de la région. Des grands chefs locaux, séduits par la qualité de la production des Thieuloy et son origine locale, cuisinent leurs pâtes, pois chiches, lentilles… « Nos produits sont également présents dans des magasins de producteurs, comme le drive fermier d’Aix-en-Provence ou Paysans du Luberon à Apt, dans le Vaucluse », détaille Mireille. La demande augmentant, la nécessité d’avoir du matériel de fabrication en propre devenait impérieuse.

L’exploitation possède, depuis le mois de mars, un moulin en bois à meule de pierre, qui fonctionne comme un moulin à vent. « Il s’agit d’une machine autrichienne, explique Rémy. Nous en sommes contents. Mais, les délais de livraison ont été très longs, ce qui a retardé la dynamique de notre activité. »

La machine à fabriquer les pâtes et le séchoir à pâtes, commandés en Italie, ont été installés au mois de juillet. « Grâce à ces équipements, nous pouvons produire jusqu’à 400 kg de pâtes tous les trois jours », souligne Rémy. 400 tonnes de farine devraient par ailleurs être produites d’ici à la fin de l’année.

Diversification de l’offre

De nouveaux clients affluent. La boutique du Printemps Haussmann à Paris a craqué pour le concept et devrait référencer l’intégralité de la gamme d’ici le début d’année prochaine. « Nous espérons travailler pour un acteur de la restauration collective qui livre les cantines des collèges de Marseille », annonce Mireille. Rémy souhaite aussi diversifier son offre en semant du quinoa et de la lentille corail dès l’an prochain.

Chantal Sarrazin