Si les notions de circuits courts ont toujours été présentes dans l’enseignement agricole, leur apprentissage suscite un nouvel intérêt. « Les évolutions actuelles de la consommation, leur mise en avant durant les confinements ont valorisé leur image et permis de dépasser certaines connotations un peu “vieillottes” que leur accordaient certains élèves », admet la Direction générale de l’enseignement et de la recherche (DGER) du ministère de l’Agriculture.
Initiation pratique
Si l’intérêt des jeunes progresse pour développer des compétences dans ce secteur d’activité, c’est à la fois le fait de la modernisation de l’image de ce mode de commercialisation et de la diversification des produits commercialisés par ces circuits.
Dans toutes les filières de formation du secteur de la production agricole, une découverte des circuits courts est présentée. Une initiation qui peut prendre une forme particulièrement pratique. C’est notamment le cas au lycée agricole de Nandax, dans le département de la Loire. « Durant quinze semaines de l’année, tous les élèves de la 4e au bac sont encadrés sur tous les ateliers de l’exploitation agricole. Ils y passeront leurs après-midi avec des permanences parfois assurées pendant les week-ends et les vacances scolaires », explique Franck Roussier, directeur de l’établissement. Les élèves sont réunis par groupe de six et alternent avec leurs camarades sur les quinze ateliers que compte la ferme du lycée. Si certains sont consacrés aux productions végétales et animales, d’autres ateliers permettent aux jeunes de mettre la main à la pâte lors de travaux pratiques liés à la transformation en viande bovine, ovine et caprine, à la transformation du lait produit au sein de l’exploitation et à la vente dans le magasin du lycée. « Bientôt, ils pourront découvrir la logistique d’un drive fermier ! », se réjouit Frank Roussier.
Un attrait qui grandit avec l’âge
« Selon les territoires et les caractéristiques des systèmes de production, la formation à la mise en œuvre de circuits courts peut revêtir une importance plus ou moins grande, reconnaît la DGER. Certains établissements, en réponse à un besoin local, proposent aux apprenants un module spécifique MIP (module d’initiative professionnelle en CAP agricole), MAP (module d’adaptation professionnelle en bac pro) ou MIL (module d’initiative locale en BTSA), qui vise à professionnaliser les apprenants dans ce domaine particulier de commercialisation. » Ces modules peuvent concerner la vente de produits fermiers ou de denrées plus spécifiques, comme les fromages de montagne.
L’attrait pour les circuits courts semble s’accroître en même temps que l’âge des élèves. « Peu de sortants de troisième s’orientent vers les bacs professionnels du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation avec un projet arrêté de commercialisation en circuits courts », souligne la DGER. La spécialisation pour les circuits courts peut s’acquérir dans le cadre d’une licence professionnelle, après un BTS notamment. C’est le cas de la licence pro « produits locaux et circuits courts » proposée par l’École supérieure d’agricultures d’Angers, qui existe depuis cinq ans. « Cette formation a été créée sur deux aspects : la transformation à la ferme et la vente », explique Élena Foulon, enseignante en agroalimentaire et responsable de la licence. Elle compte actuellement une vingtaine d’étudiants (lire ci-dessus le témoignage de l’une d’entre eux). « Ce sont majoritairement des jeunes qui ont pour projet de s’installer sur une exploitation », souligne l’enseignante.
Adultes en reconversion
De nombreuses formations courtes ou longues existent également pour se professionnaliser dans le secteur. La maison familiale rurale de Chauvigny, dans la Vienne, a créé il y a deux ans un titre professionnel de « technicien agricole – produire et vendre en circuits courts », dont l’essentiel des apprenants est composé d’adultes en reconversion professionnelle (lire le témoignage page 46).