Depuis quatre générations, la famille Chabert est exploitante à Mallemort, une commune des Bouches-du-Rhône où les limons de la Durance rendent la terre particulièrement fertile. Laurent Chabert, au Domaine Saint-Vincent, produit sur une vingtaine d’hectares des asperges vertes, des courgettes, différentes courges et des patates douces. Il possède aussi une amanderaie.
Un magasin d’une trentaine de mètres carrés
Carol, son épouse, est une ancienne danseuse professionnelle qui a monté pendant trente ans des spectacles. Le contact avec le public est dans sa nature, et même une nécessité. En 2019, elle propose de créer sur la ferme une boutique de vente directe qui commercialise au détail les amandes et légumes produits sur place. Et pour compléter, elle revend ceux achetés à des confrères voisins. De l’épicerie fine locale, jus de fruits, bières, herbes séchées, huile d’olive, farines, pois chiches, petit épeautre, produits de la ruche, etc., sont ajoutés en dépôt-vente. Ce petit magasin, d’une trentaine de mètres carrés, est aménagé dans une partie du hangar agricole où se trouvent les bureaux.
Gagner des clients
Pour donner de la visibilité à ce lieu d’accueil situé au milieu de l’exploitation, excentré des axes de circulation, Carol organise, en 2020, une tablée paysanne : « Un traiteur du Vaucluse a préparé un menu avec une viande et nos courgettes, butternuts et patates douces. J’ai proposé à des artisans locaux d’exposer dans la cour. L’événement a bien plu. Nous souhaitons que nos clients associent au domaine l’image des produits frais de qualité, qu’ils peuvent acheter en toute confiance », raconte-t-elle. En décembre dernier, elle réitère avec un marché de Noël solidaire des artisans indépendants qui ont souffert économiquement de la crise sanitaire.
L’été, en Provence, la clientèle est plus volatile. Les clients réguliers partent à tour de rôle en congés, et les stands de vente de fruits et légumes au bord des routes captent les touristes. Afin de conserver une activité de vente directe, l’agricultrice organise deux marchés nocturnes insolites au milieu des serres de l’aspergeraie. En juillet et août, elle convie une quinzaine d’artisans, une fromagère et son food truck, ainsi qu’un DJ qui anime un karaoké en plein air.
Le vendredi matin, les pallox, stockés dans la cour, sont mis de côté. Les exposants installent leurs stands gratuitement et invitent leur propre clientèle à découvrir le Domaine Saint-Vincent. Environ 150 personnes passent entre 18 h et 23 h. « Laurent a remarqué que les gens sont séduits par des objets originaux qu’ils ne trouvent pas ailleurs et sont alors prêts y à mettre le prix », constate l’organisatrice.
La buvette fonctionne bien et beaucoup repartent avec les vins bio et pétillants de pommes vendus à la boutique de la ferme. Chaque événement permet d’étoffer le fichier clients.
Communiquer largement
Ayant suivi une formation de quatre jours chez Icône internet, une société spécialiste du digital, Carol anime les pages créées sur Facebook et Instagram. Un flyer fait maison a été distribué. « L’idée est de se faire connaître de ceux qui ne savent pas encore que nous faisons de la vente à la ferme. » Elle anticipe déjà l’automne prochain, et met en place un salon « bien-être » avec une conférence, des ateliers et des stands dédiés à l’alimentation saine, etc.
La préparation de ces événements est chronophage mais l’investissement en vaut la chandelle : « Se faire connaître est un travail de longue haleine inestimable », assure-t-elle.
Alexie Valois