Les petites lettres blanches, en bas des affiches, précisent que le slogan est tiré d’un « vote des auditeurs RMC-BFMTV Jean-Jacques Bourdin du 31 mai 2018 : 60 % oui/40 % non ». C’est donc avec un sondage en ligne que les chasseurs ont justifié ce titre de « premiers écologistes de France ». Les juristes de la RATP l’ont trouvé un peu léger.

Dans la version finale, placardée dans le métro parisien, un point d’interrogation à la fin du slogan fait planer le doute. Selon un article du Parisien, ce point d’interrogation aurait été imposé par la RATP aux chasseurs, sur les conseils de l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP). Une association dont le rôle est de garantir les bonnes pratiques au sein des annonceurs.

Alerte au green-washing

Dans le cadre d’une démarche classique, la RATP aurait sollicité l’ARPP au début de l’été. Stéphane Martin, directeur général de l’ARPP, souligne que, dans un contexte où son association tente de combattre le green-washing, « il est normal que les campagnes utilisant un argument écologique reçoivent un conseil avant diffusion ».

L’ARPP a donc suggéré à la RATP de faire modifier cette campagne avant affichage. « Sans institut, ni échantillonnage, précise Stéphane Martin, la source de Jean-Jacques Bourdin est une enquête en ligne qui n’est pas véritable sondage. » Parce que la source n’est pas jugée fiable, l’ARPP, a donc estimé « qu’il fallait peut-être utiliser la forme interrogative ».

La cuisine mise sur la scène

Tout ce processus a eu lieu en amont de la campagne d’affichage, dans le cadre d’échanges qui restent d’habitude inconnus du public. Une fois le point d’interrogation apposé, l’ARPP a jugé la campagne adaptée à sa charte, et les affiches ont donc pu être collées dans le métro à la date prévue.

Pour les chasseurs, ce n’est pas ce sondage de Jean-Jacques Bourdin qui fait d’eux les premiers écologistes de France, mais plutôt les actions engagées. Le vote serait d’ailleurs intervenu après la conception de la campagne.

Les astérisques de la campagne de la communication, objet de débats. © FNC

Citant un rapport réalisé par un cabinet indépendant, Julie Miquel, chargée de communication à la FNC, s’interroge : « 360 millions d’euros, et 750 actions concrètes pour la biodiversité, qui peut en dire autant ? » Pour elle, les associations de défense de l’environnement ou du bien-être animal auraient du mal à aligner de tels chiffres. Alors qui d’autre ? Les agriculteurs, peut-être.

Ivan Logvenoff