Maillon essentiel de la filière chanvre créée dans le parc naturel régional du Gâtinais, Gatichanvre est dans l’œil du cyclone. Pour faire face à ses difficultés économiques et structurelles, la chanvrière a obtenu du tribunal de commerce la mise en place d’une procédure de conciliation avec ses principaux créanciers. « Cette étape doit nous donner le temps de définir une stratégie, alors que la commercialisation démarre enfin, sans que nous soyons empêchés par des requêtes en recouvrement », rassure Arnaud Charpentier, le directeur de la société par actions simplifiées (SAS).
L’audit récent de professionnels de l’industrie du chanvre a révélé la nécessité de réinvestir 1 million d’euros sur le site de Prunay-sur-Essonne, où 4 millions ont déjà été engagés. L’entreprise recherche désormais un repreneur, ou des investisseurs capables d’absorber la dette et de financer les travaux. Les six associés fondateurs et environ la moitié des soixante-quinze autres agriculteurs apporteurs(900 €/ha) détiennent le capital de l’entreprise, créée en 2016.
Manque de performance
La ligne industrielle installée la même année pour transformer la paille de chanvre en fibre s’est avérée peu performante. « Les modifications effectuées sur la chaîne n’ont pas eu l’effet escompté et ont entraîné un retard de mise en route de presque deux ans », avoue Hervé Hardy, président de Gatichanvre. L’outil acquis auprès d’une autre chanvrière en liquidation absorbe péniblement 0,8 tonne de paille à l’heure en entrée de ligne pour de la fibre papetière, contre 1,5 t/h pour l’obtention de fibre technique, prévue initialement. Conséquence : la production est deux fois moindre pour un prix inférieur de 30 %, et la trésorerie prévue pour soutenir le lancement de l’activité a été absorbée. Les producteurs ne sont plus payés depuis bientôt un an, mais ils continuent à croire au potentiel agronomique et économique du chanvre. « Les agriculteurs sont notre priorité. Ils sont le terreau de notre chanvrière », avance le directeur. La commande ferme des semences pour la prochaine campagne est attendue en mars. Il faudra trouver une solution cet hiver pour pérenniser les 650 hectares du bassin de production.
Pauline Bourdois