La commission des comptes de l’agriculture de la nation (CCAN), qui regroupe les syndicats et organisations professionnelles agricoles, s’est réunie ce 10 janvier 2020, pour analyser le compte prévisionnel de l’agriculture nationale pour 2019. Ces chiffres ont été publiés par l’Insee le 17 décembre dernier. À cause des grèves, la CCAN, chargée de les entériner, avait été reportée au 10 janvier 2020.
Les chiffres publiés par l’Insee démontrent une baisse des résultats économiques de la branche agricole pour 2019. L’APCA relève un recul de la valeur ajoutée par actif de 7,8 % (1) et une baisse du résultat de la branche agricole par actif non salarié (2) de 10,6 %.
Les chambres d’agriculture estiment que dans un contexte de transition agricole forte, « l’amélioration du revenu des exploitations doit rester la priorité ». « Sans ressources financières adéquates, c’est la capacité des agriculteurs à poursuivre leurs transitions et à faire face aux défis d’aujourd’hui et de demain qui est mise en péril », préviennent-elles.
> Voir aussi :Comptes prévisionnels - Baisse modérée de la production agricole en 2019 (17/12/2019)
Contrer la perte de compétitivité
Pour la FNSEA, « après un simple rattrapage du niveau d’avant la crise de 2015 et 2016, les résultats repartent déjà à la baisse ». « Le solde commercial avec l’Union européenne est structurellement déficitaire » et « l’excédent agroalimentaire provient exclusivement des échanges avec les pays tiers », s’inquiète le syndicat. Il dénonce la perte de compétitivité forte des filières françaises au sein de l’Union européenne.
« Notre place dans le commerce mondial recule. Il est donc urgent que le gouvernement français opère des choix stratégiques, tant sur le plan réglementaire qu’en matière d’accompagnement de l’investissement pour améliorer à la fois le revenu des producteurs et leur capacité à répondre aux demandes des consommateurs », fait savoir la FNSEA.
Changer de modèle
Pour la Confédération paysanne, ces chiffres démontrent « un bilan extrêmement mitigé qui montre que tant que les politiques agricoles, française et européenne, n’auront pas été modifiées en profondeur, l’agriculture poursuivra sa dérive actuelle : faiblesse des revenus agricoles, chute du nombre de paysans, baisse de la production. » Le syndicat alerte sur l’urgence d’un changement de modèle.
« Ce n’est qu’à travers une politique européenne de prix protégés et supérieurs aux coûts de production que le revenu des producteurs pourra s’améliorer. Et c’est pour cela que nous prônons une réforme profonde de la Pac basée sur la régulation des productions », clame la Coordination rurale. Le syndicat dénonce le manque d’efficacité de la politique nationale et « les fausses promesses des États-généraux de l’alimentation ».
(1) : La valeur ajoutée nette au coût des facteurs : production + subventions – impôts fonciers et autres impôts sur la production – consommations intermédiaires — dépréciation du capital fixe.
(2) : Résultat net. La branche agricole comprend l’ensemble des exploitations agricoles, ETA, Cuma et lycées agricoles.