Par mesure de sécurité pour l’organisation des Jeux olympiques de Paris, la navigation sur la Seine sera très dégradée pendant l’été 2024, en pleine moisson. Une situation qui inquiète l’interprofession des céréales : chaque année, trois millions de tonnes de grains sont acheminées au port de Rouen via la Seine pour être exportées, dont 600 000 à 700 000 tonnes entre juillet et août. Or, la plupart des volumes sont chargés en amont de la Seine, à l’est de Paris.
« La préfecture nous a annoncé un arrêt complet de sept jours avant la cérémonie d’ouverture des JO, puis une fermeture partielle tous les jours de 2 heures du matin à 11 heures du matin jusqu’à la fin des Jeux paralympiques [le 8 septembre 2024, ndlr] », indique Jean-François Lépy, membre du bureau d’Intercéréales et référent en logistique.
Des alternatives très coûteuses
L’enjeu du dégagement des silos est fort pendant cette période, et les alternatives peu nombreuses mais surtout coûteuses. « Il est déjà trop tard pour anticiper un report sur les trains, et en plus les silos fluviaux ne sont pas raccordés aux rails, souligne Jean-François Lépy. L’autre possibilité envisageable est un report sur des camions, mais il est compliqué de transporter 700 000 tonnes sur deux mois par la route, en traversant la Région parisienne. » Déjà tendu en temps normal, le transport des bennes l’est d’autant plus pendant la moisson.
Intercéréales a chiffré l’ensemble des surcoûts que devrait supporter la filière à 500 millions d’euros en cas de perturbations importantes. « Économiquement, le transport fluvial sur la Seine est le plus intéressant. En passant sur des camions, les coûts sont multipliés par deux, voire trois en période de tension », appuie Jean-François Lépy.
« La compétitivité à l’exportation est mise à mal, ajoute-t-il. La marchandise sera déplacée sur octobre à décembre plutôt que juillet et août. Les temps d’attente de chargement de navires seront plus importants, car les péniches arriveront moins vite, ou parce que la rotation sera beaucoup plus lente. Tout cela contraint la capacité de réception sur le portuaire rouennais. » Un tiers des céréales exportées à Rouen arrivent par la Seine, estime Intercéréales.
Trouver un compromis
L’interprofession espère trouver un compromis qui permette d’assurer la sécurité durant les Jeux olympiques et de déplacer les péniches pendant la moisson. « Pendant les horaires d’ouverture dégradée de la Seine, il faut également bien anticiper au niveau opérationnel pour pouvoir faire circuler un maximum de péniches, insiste Jean-François Lépy. Par exemple préparer les zones de stationnement des barges, qu’elles soient suffisamment grandes et sécurisées pour permettre de contrôler les péniches en amont et en aval, éviter un encombrement et fluidifier le trafic. »
Les parties prenantes continueront de se réunir pour discuter du problème. « Le transport fluvial est écologiquement plus intéressant en termes de bilan carbone que des camions sur la route. C’est à prendre en compte quand on veut des Jeux vertueux », insiste Jean-François Lépy.