La production mondiale de blé a nettement progressé ces dernières années, sans toutefois "calmer les marchés", a souligné Clément Gautier, analyste chez Horizon Soft Commodities, le 7 octobre lors d'un débat AgirAgri. En effet, la demande croît plus rapidement que l'offre.
Alimentation animale
Ce n'est une surprise pour personne : la population mondiale est croissante. De manière générale, "plus on est nombreux, plus les marchés sont nerveux", a-t-il synthétisé. À cela s'ajoute une évolution des régimes alimentaires. "Entre 1991 et 2022, la consommation mondiale de viande a augmenté de près de 238%, a-t-il indiqué. Ce sont principalement le porc et la volaille qui tirent cette hausse". Les besoins en céréales pour l'alimentation de ces animaux, dont le blé, se sont donc fortement vuscroître.

Mécaniquement, les stocks mondiaux sont orientés à la baisse. Un des indicateurs utilisés pour suivre l'état du marché est le ratio stock sur consommation. Au niveau mondial, il est à la baisse, estimé à 34,2% pour 2022-2023, contre 40,3% à son plus haut en 2019-2020. Il "ne laisse pas transpirer une si forte inquiétude", a jugé Clément Gautier. Mais de très nombreux analystes de marchés préfèrent exclure la Chine de l'équation, les chiffres communiqués par Pékin étant jugés peu fiables. Dans ce cas, "les stocks de fin de campagne sont divisés par deux. Avec 19,3% en 2022-2023, le ratio arrive sur des niveaux qui sont inquiétants, corroborant le fait que les prix ont augmenté", a souligné l'expert.

Production et disponibilité
Les marchés sont fortement influencés par la situation des principaux exportateurs : États-Unis, Canada, Union Européenne, Russie, Ukraine, Kazakhstan, Argentine, Australie. Pour ces huit poids lourds, "la production tend, au mieux, à se stabiliser et les stocks baissent, a insisté l'analyste. Il y a de moins en moins de blé disponible chez ceux qui en vendent". Le ratio stock sur consommation tombe à 14,3% ; une situation jugée très préoccupante. "Ce bilan n'autorise pas d'incidents climatiques ", a résumé Clément Gautier. Toutefois, ces aléas se multiplient et gagnent en intensité avec le changement climatique, faisant fortement réagir les prix.
À la problématique du volume de production s'ajoute la question de la disponibilité des volumes depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine. L'avenir du corridor maritime décidé entre Kiev et Moscou est d'ailleurs encore incertain (lire encadré).