L’histoire du Vestrum est celle d’un lancement compliqué donnant lieu à un changement de nom. Ce tracteur quatre cylindres haut de gamme, jumeau du T5 AutoCommand de New Holland, a été dévoilé lors du dernier Sima. À l’époque, il s’appelait Versum. Mais quelques mois plus tard, Case IH a été contraint de changer le nom de son dernier-né, car il était déjà déposé par un autre industriel.
Un environnement connu
Durant l’été 2019, l’engin a donc été rebaptisé Vestrum. Entré en commercialisation à l’automne, il a grandi dans l’ombre de la grande nouveauté Case IH d’Agritechnica, le Magnum AFS Connect. Les deux tracteurs ont en commun leur design, inspiré de celui de l’Optum.
Comme pour son grand frère, nous avons eu l’occasion de prendre le volant du Vestrum sur la plus grande exploitation agricole d’Autriche, au nord de Vienne. Au programme, déchaumage avec un modèle à dents Karat 9 de Lemken et manutention de bottes de paille en 120 × 90 cm.
Nous prenons place à bord du Vestrum 130, le plus puissant de la série. L’offre se compose de quatre modèles, de 110 à 140 ch de puissance maxi. En cabine, pas de risque de dépaysement. L’environnement de travail reprend celui des tracteurs plus puissants de la gamme, équipés de la boîte VX. C’est là, la particularité du Vestrum : il est disponible uniquement avec la transmission à variation continue CVX. Dans ce créneau de puissance, il se pose comme une solution « toutes options ».
Nous essayons tout d’abord le Vestrum au déchaumage. Sa prise en main est immédiate, car nous avons déjà réalisé de nombreuses heures au volant des Puma, Optum et autres Magnum équipés d’une boîte CVX. L’accoudoir est dominé par le joystick multifonction, qui sert à fixer la vitesse cible en poussant ou en tirant le levier. Une molette placée sur le côté ajuste cette vitesse avec précision. Il suffit ensuite d’appuyer sur la pédale d’avancement pour atteindre l’allure souhaitée.
Un double accélérateurà main
À gauche du joystick, comme sur les autres tracteurs équipés de la boîte CVX, Case IH a opté pour l’accélérateur à main à double gâchette. Celle de gauche est un véritable accélérateur à main, tandis que le curseur de droite permet de paramétrer la plage d’utilisation de la transmission. Selon la position d’un levier par rapport à l’autre, l’engin ne se comportera pas de la même manière.
Lors de la mise en route, une explication du concessionnaire est nécessaire pour exploiter pleinement le potentiel du Vestrum. Cela peut poser un problème en élevage, où l’engin est amené à être utilisé par des stagiaires ou des vachers peu férus de mécanique. Sur l’accoudoir, la plupart des commandes sont regroupées sur une palette. On note la présence de plusieurs distributeurs électroniques en bout d’accoudoir et de deux distributeurs mécaniques sur la console de droite.
Moteur de dernièregénération
Le déchaumage s’est effectué sans difficulté. À bord de cette cabine haut de gamme, on s’imagine au volant d’un Puma ou d’un Optum. Difficile de juger de l’efficacité du moteur dans ces terres légères et en conditions optimales. Comme les trois autres modèles de la série, le Vestrum 130 est équipé d’un moteur FPT quatre cylindres de 4,5 l, conforme à la norme antipollution Stage 5. En utilisant correctement le double accélérateur à main, nous travaillons à 1 700 tr/min. Nous profitons du régulateur de vitesse et de la mémorisation de régime pour regarder le terminal de plus près. Peu ergonomique dans les Puma et Magnum, l’écran AFS 700 Pro ne l’est pas davantage pour le Vestrum. D’autant plus qu’une heure auparavant, nous étions à bord du nouveau Magnum avec son terminal entièrement revu. Nous mesurons l’évolution technologique entre les deux solutions. Le terminal est optionnel sur le Vestrum. Il prend place en hauteur, à la droite du chauffeur. À moins d’utiliser le guidage, les automatismes de fourrière ou les fonctions Isobus, il est loin d’être indispensable. Une petite économie peut être réalisée à ce niveau.
Le déchaumage terminé, nous privilégions la manutention plutôt que le transport. Nous remarquons néanmoins la présence d’une pédale de frein d’échappement.
Le stop actif pratiqueen manutention
Nous débutons la manipulation des bottes de paille. La visibilité est bonne, notamment grâce à la cabine à quatre montants. Le chargeur est piloté au moyen du petit levier en croix électrohydraulique, qui n’est pas toujours assez précis et dont la course peut être déroutante au début. Néanmoins, il joue son rôle. Nous apprécions surtout la fonction Stop actif. Elle immobilise le tracteur sans action sur les freins de service. Le frein de stationnement automatique prend ensuite le relais.
Après ces deux activités, nous tirons un bilan positif du Vestrum. Mais attention, si l’objectif est d’avoir un tracteur d’appoint pour effectuer des travaux légers ainsi que de la manutention classique, investir dans ce modèle revient à donner « de la confiture aux cochons ». Le dernier-né des quatre cylindres de Case IH est avant tout un engin de tête, conçu pour les polyculteurs-éleveurs qui sont attachés au confort et au plaisir de conduite. Le Vestrum n’exprimera la totalité de son potentiel qu’en utilisation intensive sur la route comme aux champs.
Corinne Le Gall