«Je suis de ceux qui chaque jour ont une nouvelle idée. Pour ne pas partir dans tous les sens, mes deux associés m’ont autorisé à en choisir une et à la mener jusqu’au bout. C’est ainsi qu’est née la première culture de coton du pays », raconte Yohan, agriculteur dans le Gers. Aux côtés de son père lors de notre rencontre, tous deux sont vêtus d’un polo fabriqué à partir de la récolte précédente.
Itinéraire technique
Le cotonnier est une plante atypique. Son implantation, sur 4 ha sans irrigation, a été possible, en partie, grâce aux terres argilo-calcaires. Ces dernières ont une bonne capacité à conserver une hygrométrie correcte toute l’année, même dans les vallons gersois.
Avant de choisir leur équipement, les trois associés ont défini un itinéraire technique : « Il est très complexe de faire du coton une plante pérenne. Nous terminons donc chaque récolte par un broyage de la tige. La culture est ensuite réimplantée sur une autre parcelle. » Le semis, sur un précédant blé ou orge, est effectué après un déchaumage. Il est réalisé à l’aide d’un semoir monograine classique avec un disque tournesol, à 90 cm d’écartement. La gestion des adventices et la fertilisation sont similaires à celles d’une culture à inter-rang large en conventionnel.
Mécaniser la récolte
La ferme de 200 ha est équipée de tous les outils pour la préparation des terres et l’implantation de la graine. Le problème, c’est la récolte. « La surface est petite. La première année nous avons donc ramassé à la main. Ce n’est pas insurmontable mais laborieux », précise Yohan.
En faisant des recherches fortuites, les associés réalisent que des récolteuses spécifiques d’occasion se vendent en Espagne. Après un rapide tour du marché, ils choisissent d’importer une Case IH 1822 avec une tête de récolte deux rangs de 4 000 heures. Pour 5 000 euros, la machine est livrée, coûtant ainsi autant que la main-d’œuvre pour une campagne de récolte.
La mécanique est simple. Chaque rang de la tête de récolte est muni de deux rouleaux à doigts montés en quinconce. Lors du passage sur la plante, la rotation des rouleaux éclate les capsules et extrait la fibre blanche qu’elles renferment. Récupérée, cette dernière est envoyée, grâce à une soufflerie, vers un caisson situé à l’arrière de la machine. Une fois rempli, il est vidangé dans une remorque par une trappe latérale et un fond mouvant en se surélevant.
La récolte est stockée à plat dans un hangar avant de passer dans une égreneuse qui la sépare des graines prises au piège. Puis elle est pressée sous forme de ballots par une presse à poste fixe, et part en direction de la filature.
Débouché maîtrisé
« Cette culture étant nouvelle, nous avons cherché un débouché pour dégager un bénéfice convenable. » Après un tour de France des filatures (1), l’une d’elles accepte de recevoir le coton égrené, nettoyé et pressé. Les ballots sont transformés en polos, dont Yohan assure la vente et la distribution grâce à son site internet (2). Pour en confectionner un, 300 grammes de fibre nettoyée sont nécessaires. « Cette année, 1 300 polos ont été vendus avant même la récolte », se félicite-t-il. Cette dernière se solde par un rendement de 300 kg/ha de coton graine.
(1) Manufacture de transformation en fil et de tissage.