Hausse de la température moyenne, du rayonnement, du déficit hydrique, de l’évapotranspiration… Les effets du changement climatique sont connus, et le tournesol, en tant que culture d’été, y est particulièrement exposé. Malgré des déficits hydriques plus fréquents en juin et juillet, le rendement de la culture a augmenté, en tendance, de 1 q/ha tous les dix ans, en lien avec le progrès génétique mais aussi avec le niveau de résistance intrinsèque de la plante à la sécheresse.
Au stade bouton floral
« Le tournesol a la réputation d’être plutôt tolérant au stress hydrique, capable d’optimiser son rendement avec une ressource en eau limitée (420 mm pour atteindre son potentiel de rendement), explique Emmanuelle Mestries, de Terres Inovia. Cette adaptation doit avoir lieu avant la floraison, au stade bouton floral.
La floraison est, en effet, la période la plus sensible : la perte de rendement peut aller jusqu’à 60 % lorsque la satisfaction en eau est très restreinte (de l’ordre de 40 %). Des adaptations sont aussi possibles pour réduire la vulnérabilité de la culture.
Avancer la date de semis
Terres Inovia, en collaboration avec l’Inrae, a développé le modèle Sunflo, dédié au tournesol pour simuler les performances de la culture (rendement et qualité) selon les pratiques culturales et les stress abiotiques. « Ce modèle montre que, quel que soit le type de sol, dans un climat de plus en plus contraint, on a avantage à réaliser un semis précoce », assure la spécialiste.
Avancer la date de semis de dix à vingt jours ne pénalise pas le tournesol, dans la mesure où il est capable de croissance rapide à des températures relativement basses. « Utiliser des variétés précoces ou à cycle court évite aussi que la floraison ne survienne trop tard en été, souligne-t-elle. L’offre s’est enrichie en variétés précoces et très précoces, ce qui, ajouté à des difficultés d’implantations des cultures d’hiver ces dernières années, a encouragé une reconquête du tournesol dans les bassins nord. »
L’eau : un point clé
« Le système racinaire est un gros atout du tournesol, qui peut extraire jusqu’à deux mètres de profondeur en sol non compacté. La préparation du sol et la qualité d’implantation sont donc cruciales pour qu’il puisse pleinement jouer son rôle de captation des ressources », poursuit Emmanuelle Mestries.
Le tournesol a tendance à gaspiller l’eau si elle est fournie en abondance. Son efficience est faible, notamment en raison de sa structure foliaire et de ses nombreux stomates. « Plus que la quantité d’eau, c’est sa répartition au cours du cycle qui est importante », ajoute-t-elle. L’irrigation, quand elle est possible, est un bon outil pour la culture du tournesol : « Les besoins en volumes sont limités et bien valorisés en sols superficiels, et son arrêt est précoce, avant le 15 août pour une date de semis normale. » Justine Papin