« Les produits laitiers figurent parmi les produits dont la consommation mondiale va le plus augmenter dans les dix prochaines années, devant le riz ou le blé », a rapporté le directeur de l'économie du Cniel, Jean-Marc Chaumet, lors des journées de La Coopération Laitière le 9 avril. Ce sont les produits laitiers frais qui seront les plus plébiscités, avec une augmentation de la consommation de 18 %, suivis du beurre (+16 %) et des fromages (+10 %) selon les projections sur 2024-2033 de l’OCDE et de la FAO (1). La production devra suivre. « Nous frôlons aujourd’hui le milliard de tonnes de lait produites dans le monde annuellement », indique Jean-Marc Chaumet. C’est en Asie que la production augmente le plus vite, avec un bond de 5 % additionnels chaque année. Cette hausse est portée par la montée en puissance du lait de bufflonne, mais le lait de vache augmente aussi fortement. La production africaine est aussi dynamique, à raison de 2 % de hausse par an.

Pressions environnementales
À l’inverse, les traditionnels bassins exportateurs sont en perte de vitesse. La production européenne a augmenté de 0,5 % entre 2015 et 2023 et atteint aujourd’hui un palier. La Rabobank estime que l’Europe du Nord (Allemagne, Pays-Bas, Danemark et Belgique) perdra 7,5 millions de tonnes de lait entre 2023 et 2035. Cette baisse s’explique en partie par la « pression environnementale sur l’eau et l’air » que rencontrent l’Allemagne, le Danemark, les Pays-Bas ou encore l’Irlande, explique Jean-Marc Chaumet. Le plan de cessation en cours aux Pays-Bas concerne déjà près de 500 éleveurs laitiers. Quelque 3 % des producteurs pourraient arrêter dans les prochains mois ou années.

Face à une consommation mondiale en forte hausse et à une production européenne en recul, les États membres doivent ajuster leur stratégie. En Asie du Sud-Est, la dépendance aux ingrédients laitiers est encore très forte (80 % en Indonésie, 95 % en Malaisie). Alors « faut-il renforcer les accords commerciaux avec ces pays, a-t-on la capacité de répondre aux besoins ? », interroge Jean-Marc Chaumet. Ou faut-il au contraire pour les acteurs laitiers privilégier le marché européen et français ?
(1) Organisation de coopération et de développement économiques et l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture.