«Je connais le potentiel de rendement de mes parcelles de blé dur dès le début de l’hiver, lance David Frison, agriculteur à Digne-les-Bains (Alpes-de-Haute-Provence). Grâce à cette donnée, je pilote au mieux les apports d’azote et la qualité de ma récolte s’en trouve améliorée. » Il cultive 80 à 100 ha de blé dur (variété Pastadou) sur 260 ha de terres labourables. Son exploitation, entièrement irriguée par aspersion et par système gravitaire, fait partie du réseau de parcelles Vision mis en place par la coopérative GPS à Manosque (Alpes-de-Haute-Provence). Cette dernière a mis au point une méthode de calcul du potentiel de rendement des exploitations appartenant à ce réseau en partenariat avec Arvalis.
Au début de l’hiver, un technicien de GPS procède à une mesure de la profondeur et de la texture du sol avec une tarière sur une parcelle de référence de son exploitation. Il note aussi sur une fiche le pourcentage de cailloux, le meilleur rendement obtenu, le rendement et les apports d’azote de l’année précédente, la variété, la date de semis, la densité de plantation…
Ces informations sont transmises à Arvalis qui les corrèle aux données des stations météo, situées à proximité des parcelles Vision, dans un programme informatique développé par l’Inra. Ce dernier calcule le potentiel climatique en q/ha de l’année de la parcelle. « Cette donnée me permet de déterminer le premier apport d’azote et les suivants », explique David Frison. Il en réalise quatre : en novembre, février, mars et avril/mai. Le technicien de GPS renouvelle ces visites un peu en amont de ces périodes. Objectif : corriger la prévision de départ, jusqu’à la fin de la récolte. Cette année, David Frison a semé son blé dur le 24 octobre. Le potentiel de rendement de sa parcelle a été estimé à 80 q/ha. « Autrefois, je réalisais les apports d’azote en fonction de l’historique de rendement des parcelles, indique-t-il. Ils s’avéraient parfois insuffisants. »
Augmentation du taux de protéine
« Aujourd’hui, nous ajustons les doses, suivant l’estimation de rendement ainsi que des observations de terrain », poursuit-il. Cette année, par exemple, il a réduit les quantités d’azote lors du premier apport (15 unités), en raison de la levée importante à la sortie de l’hiver. Au total, il apporte 240 unités en moyenne. Au cours des trois dernières années, le rendement moyen de son blé dur a augmenté de 10 à 15 q/ha. Surtout, le taux de protéine de sa production a progressé. Il est passé de 11-12 % il y a trois ans, à 14,5 -15 % aujourd’hui. À la clef, une meilleure rémunération car la coopérative valorise ces blés hautement protéinés grâce à des contrats avec les semouliers.