« L’effondrement de la biodiversité est une menace existentielle pour nos sociétés. Nous devons l’endiguer rapidement », a lancé la Première ministre lors de la présentation de la troisième stratégie nationale biodiversité (SNB) devant plusieurs élus, associations et représentants des professionnels impliqués dans la préservation de la biodiversité, ce 27 novembre 2023.
Alors qu’une première version de la SNB avait été publiée en juillet dernier, Élisabeth Borne est revenue sur le travail de concertation avec les parties prenantes. « Nous avons donc choisi de bâtir notre stratégie en lien étroit avec les collectivités, les professionnels de chaque secteur, les spécialistes et les acteurs de la société civile. C’est ensemble que nous avons fixé nos objectifs avec en tête un même principe : la radicalité des résultats sans la brutalité des mesures. »
Diminuer les pressions
La SNB vise dans un premier temps à réduire les pressions sur la biodiversité. « Je connais bien la sensibilité de cette question, et je crois fermement qu’il n’y a pas d’opposition entre transition écologique, développement des territoires et croissance économique. Au contraire », a poursuivi Élisabeth Borne.
Le ministre de la Transition écologique et la secrétaire d’État à la Biodiversité ont ensuite détaillé les objectifs de cette stratégie. Pour l’agriculture, il s’agit notamment d’intégrer le plan Ecophyto 2030 qui vise à réduire de moitié les usages de produits phytosanitaires d’ici à 2030, par rapport à la période de 2015 à 2017. La réduction des pressions sur la biodiversité passe également par la lutte contre l’artificialisation des sols et l’objectif de zéro artificialisation nette à l’horizon de 2050.
La SNB se donne aussi l’objectif de lutter contre la déforestation importée. Un point sur lequel est revenu Sébastien Windsor, président du réseau Chambres d’agriculture. « Le monde agricole sera bien au rendez-vous, a-t-il assuré. Mais on ne pourra pas le faire si vous ne protégez pas le monde agricole dans un monde où les échanges agroalimentaires n’ont jamais été aussi forts. Nous sommes face à un risque d’importer des mesures néfastes à la biodiversité par l’alimentation. Il faudra imaginer un cadre harmonisé européen et une protection face aux produits non européens. » Dès 2024, la SNB prévoit la création d’un service de contrôle et de lutte contre le trafic illégal, a ensuite expliqué Sarah El Haïry, la secrétaire d’État à la Biodiversité.
Restaurer la biodiversité
La SNB vise aussi à restaurer la biodiversité sans « mettre la nature sous cloche », a insisté la secrétaire d’État. Outre l’objectif d’implanter un milliard d’arbres dans la décennie, elle entérine les objectifs du pacte en faveur de la haie à savoir un gain net de 50 000 kilomètres de haies à l’horizon de 2030. « Un objectif ambitieux qui mobilise le monde agricole, et au-delà, pour avoir des haies de bonne qualité, souligne Sarah El Haïry. Car le linéaire seul ne suffit pas. »
Un nouveau point est aussi apparu dans les nouvelles mesures pour la restauration de la biodiversité. Les ministres ont décidé d’intégrer un plan de restauration des prairies dans la SNB, sans toutefois donner plus de détails.
« Il s’agit d’une entrée dans l’atmosphère de la stratégie nationale biodiversité, a conclu Christophe Béchu, le ministre de la Transition écologique. Mais des points restent encore à préciser et à améliorer. » Les réunions de concertation avec les différents acteurs concernés se poursuivront dans les jours à venir.