Sur le sujet de la protection de la forêt, l’agro-industrie brésilienne regrette une image biaisée à l’international, en discordance avec une réglementation considérée comme étant l’une des plus strictes au monde. « Nous préservons ou protégeons 66,3% de la végétation native de notre territoire, assure Celso Moretti, de l'Embrapa (organe brésilien de la recherche agronomique). Le développement de notre agriculture ne se base pas sur l’ouverture de nouvelles zones, mais sur la restauration de pâtures dégradées. Nous devons améliorer notre communication. »
Le Code forestier brésilien stipule que toutes les propriétés doivent préserver une « réserve légale » pour la végétation native. Elle concerne 20% à 80% de la surface des propriétés en fonction du biome (unité écologique) où elles se situent. En cas de non-respect, les exploitations s'exposent à des amendes, voire à des embargos. Les déboisements réalisés avant juillet 2008 sont considérés comme légaux.
Déclarations cadastrales
Les exploitants doivent réaliser des déclarations cadastrales auprès du gouvernement, qui délivre un certificat. « Comme avec les papiers de la voiture, on ne peut rien faire sans le certificat », illustre Juliano Ribeiro Graça Paiva, agriculteur dans le Cerrado (lire son témoignage page 45). Celui-ci est par exemple nécessaire pour obtenir des financements auprès des banques.
Toutefois, la mise en œuvre du code forestier doit encore progresser. Dans une étude publiée dans la revue Science en juillet 2020, des chercheurs de l'Université fédérale de Minas Gerais estimaient qu' « en 2019, avec la présidence de Bolsonaro, le démantèlement de la protection de l'environnement au Brésil a pris de l'ampleur ». En Amazonie, ils pointaient une « baisse sans précédent » des amendes émises par l'Ibama, l’autorité environnementale brésilienne, alors même que la déforestation (légale ou illégale) y progressait d’après les données du Programme de surveillance par satellite (Prodes).
En Amazonie, elle dépasse ainsi 10 000 km²/an depuis 2019, contre environ 7 000 km²/an les années précédentes. « Bien que la majeure partie de la production agricole du Brésil soit exempte de déforestation, nous constatons que 2 % des propriétés de l'Amazonie et du Cerrado sont responsables de 62 % de l'ensemble de la déforestation potentiellement illégale ». Ils estimaient qu’« environ 20 % des exportations de soja et au moins 17 % des exportations de bœuf des deux biomes vers l'Union Européenne peuvent être concernées par la déforestation illégale. »
La présidence de Lula, dont le nouveau mandat a débuté le 1er janvier 2023, changera peut-être la donne. Lors de son discours d’investiture, il a déclaré que le Brésil « n'a pas besoin de déboiser » pour soutenir son agriculture.
(1) Agence brésilienne de promotion du commerce et des investissements.