« Cette décision va à l’encontre de tous les engagements nationaux et européens pour la biodiversité, la protection de l’environnement, estime Éric Andrieu dans un communiqué diffusé le 26 août 2020. Elle décrédibilise les discours environnementaux de la France et représente un immense pas en arrière. » Et de lancer : « La législation européenne permet de suspendre ce type de dérogation abusive et je compte bien faire activer cette procédure ».

 

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Diffusion dans le sol

L’eurodéputé socialiste français justifie cette demande de procédure du fait que « par la technique d’enrobage de la graine, le néonicotinoïde se diffuse dans l’ensemble de la plante, dans les racines, les feuilles, le pollen dont se nourrissent les abeilles, mais aussi au-delà. En effet, la majorité de la substance nocive va également se diffuser dans le sol, contaminant bien d’autres plantes sur de nombreuses années. »

 

Selon lui, « l’article 53 du règlement européen sur les produits phytopharmaceutiques permet à la Commission de suspendre ou d’annuler une dérogation nationale abusive quant à l’utilisation de produits chimiques ». C’est cet article qui permet aux pays européens d’autoriser l’utilisation de produits chimiques non approuvés « dans des circonstances particulières », « en raison d’un danger qui ne peut être maîtrisé par d’autres moyens raisonnables. » C’est ce qu’ont fait à ce jour douze pays européens producteurs de betteraves.

Absence d’abus

Mais l’article 53 donne aussi à la Commission européenne « un certain nombre d’options pour s’assurer que les pays n’abusent pas de ces dérogations et la possibilité de suspendre ces dérogations », explique Emmanuel Foulon, chargé des relations presse auprès d’Éric Andrieu. Elle peut s’appuyer sur l’Efsa, l’Autorité européenne de sécurité des aliments, pour évaluer l’urgence des autorisations par exemple et prendre ensuite des mesures pour que les pays suppriment ou modifient les dérogations. »

 

« Ces dérogations sont en fait une déresponsabilisation des autorités sur leurs choix antérieurs. Elles représentent outre un danger sanitaire et environnemental majeur, une entrave a la recherche à des moyens palliatifs », insiste Emmanuel Foulon.