«Avant de planter, il est toujours utile de préserver les “reliques” de haies existantes, déclare Samuel Fichet, technicien forestier de l’association Prom’Haies, dans les Deux-Sèvres. Elles présentent l’avantage de contenir des arbres morts, véritables refuges à insectes et oiseaux cavernicoles. S’y trouvent aussi des ronces et du lierre qui fleurissent et fructifient en décalage par rapport à la majorité des autres espèces. »
Les haies nouvelles reconstituent un maillage disparu après l’agrandissement des parcelles consécutif aux remembrements. Avec trente ans de recul, la technique mise en avant par Prom’Haies s’est affinée. La plantation sur deux rangées d’arbres en quinconce distantes de 80 cm s’est généralisée avec pour objectif d’atteindre une largeur minimale de 2 m et de procurer un abri à la faune. Sur la ligne, les plants sont distants de 1,5 à 2 m selon leur encombrement futur.
Trois strates
« La haie idéale est associée à une bande enherbée mitoyenne et se compose de trois strates ligneuses où se mêlent des espèces buissonnantes, des arbustives et des arbres de haut jet, explique Samuel Fichet. Toutes sont d’origine locale, souvent garantie par différents labels. » Dans la strate basse se retrouvent le cornouiller, la viorne lantane, le troène, le fusain, l’aubépine, des espèces productrices de baies utiles aux oiseaux. Noisetiers, houx, pommiers et poirier sauvages, alisiers et cormiers composent la strate intermédiaire. Parmi les arbres de haut jet, l’érable et le charme à vocation bois énergie se mêlent aux espèces nobles comme le chêne et le merisier. « Si l’objectif est de maximiser la multiplication des insectes auxiliaires et leur impact sur l’agriculture, il est préférable de créer un maillage avec une distance maximale entre haies de 200 m, car les carabes se déplacent en majorité de 100 m à l’intérieur des parcelles », précise Samuel Fichet.
Les meilleurs taux de reprise sont obtenus avec des plants de 1 à 2 ans. Les arbustes à racines nues demeurent dans le sac d’expédition ou en jauge jusqu’au jour de plantation afin d’éviter le dessèchement des racines avec le vent. Les racines abîmées ou trop longues sont taillées au sécateur, puis trempées dans un mélange de terre, bouse de vache et eau (pralin) qui facilite leur adhérence à la terre. Elles sont ensuite placées en terre dans des trous faits à la pelle-bêche sur un sol préalablement ameubli. « Il faut prendre soin de recouvrir les racines de terre fine puis de tasser au pied du plant en laissant le collet à la surface du sol », conseille Samuel Fichet.
Le taux de reprise atteint 90-95 % quand l’opération est complétée d’un paillage de blé ou de lin, mais aussi d’écorces ou de copeaux. D’une épaisseur d’une quinzaine de centimètres minimum, cette couverture naturelle et biodégradable conserve l’humidité du sol et protège les plants de la concurrence herbacée pendant les trois premières années.
« Enfin, il faut compter avec la présence des rongeurs (lapins, lièvres) et des populations croissantes de chevreuils qui obligent à protéger systématiquement les plantations, alerte Samuel Fichet. Contre les chevreuils, la hauteur minimale de la protection est de 1,2 m et de moitié pour le petit gibier. Les protections contre les lapins peuvent être enlevées au bout de cinq ans, quand les arbustes ont bien démarré. »
Vincent Thècle