Sur son site internet, l’ONG Transports et Environnement annonce que la Commission européenne a reconnu que la culture du palmier à huile entraînait une déforestation importante et que le biodiesel produit à partir d’huile de palme ne pouvait donc pas être pris en compte pour atteindre les objectifs de l’Union européenne en matière de carburant vert.
Une exemption pour les petites plantations indépendantes
Cependant, sous la pression croissante, y compris les menaces de guerre commerciale, des gouvernements de la Malaisie et de l’Indonésie, la Commission a ouvert une porte pour l’huile de palme, notamment une exemption pour celle produite dans de petites plantations indépendantes (moins de 5 ha) ou sur des terres « non utilisées ».
« Au lieu de geler l’utilisation de l’huile de palme au niveau de 2019 et de l’éliminer progressivement à partir de 2023, […] la Commission européenne a présenté un plan qui est un tour de passe-passe, ajoute Farm Europe. Elle reconnaît que l’expansion de la production d’huile de palme est préjudiciable à l’environnement, mais, immédiatement après, ouvre grand la porte à l’utilisation de la même huile dans les biocarburants de l’Union européenne. »
Selon Farm Europe, « ces petites exploitations produisent déjà plus de 6 millions de tonnes d’huile de palme, soit plus du double du volume importé en Europe pour produire des biocarburants. On estime que d’ici à 2030, les petits exploitants géreront 60 % de la superficie des plantations d’huile de palme et doubleront leur capacité de production. »
De là à conclure que l’Union européenne pourrait augmenter son utilisation d’huile de palme pour produire des biocarburants, il n’y a qu’un pas. L’ONG Transports et Environnement va dans le même sens. Elle estime qu’avec cette faille, l’Europe continuerait à utiliser la même quantité d’huile de palme pour les biocarburants. Et elle insiste sur le fait que la taille d’une plantation n’a aucun lien avec le risque de déforestation ou les changements d’utilisation des sols.
4 semaines pour donner son avis
Selon l’ONG, la majorité des études modélisant les émissions résultant de changements indirects dans l’utilisation des terres (ILUC) montrent que l’huile de palme a les émissions plus élevées que toute autre matière première utilisée pour le biodiesel, suivie de l’huile de soja. Elle déplore que la Commission ait exempté de manière arbitraire le soja, un autre contributeur à la déforestation, de la catégorie à haut risque d’Iluc.
La proposition de texte de la Commission européenne sur l’impact environnemental des agrocarburants est ouverte à la consultation citoyenne pendant quatre semaines. Une version finale sera ensuite présentée au Parlement et au Conseil européens, lesquels ont un droit de veto sur le document.