Dans un communiqué paru le 22 novembre, le Copa-Cogeca s’oppose « fermement à la proposition de la Commission européenne d’éliminer progressivement les biocarburants conventionnels dans les carburants pour les transports d’ici à 2030 », mettant en garde contre la hausse de l’utilisation des carburants fossiles et des émissions de carbone.
Bruxelles devrait en effet présenter le 30 novembre 2016 ses propositions de révision de la directive sur les énergies renouvelables. Elle prévoit ainsi de faire baisser la part des biocarburants de première génération de 7 % en 2020 à 3,8 % en 2030. Une baisse qui concernerait à la fois le bioéthanol et le biodiesel. Les biocarburants représentent actuellement environ 5 % de l’énergie dans l’ensemble du secteur des transports. L’objectif pour les biocarburants « avancés » doit également être augmenté à partir de 2021.
« C’est toutefois irréaliste étant donné que les biocarburants avancés n’en sont qu’aux premiers stades de leur développement et qu’ils ne sont pas encore viables économiquement parlant », estime Pekka Pesonen, secrétaire général du Copa-Cogeca.
Réduction d’une source essentielle d’aliments pour animaux
Selon ces organisations, la réduction de l’objectif sur les biocarburants de première génération se traduira également par la « réduction d’une source essentielle d’aliments pour animaux ». « Les biocarburants contribuent à réduire le déficit de l’UE en protéines dans l’alimentation animale, étant donné que seule une partie du colza, du blé, du maïs ou de la betterave est utilisée pour produire du biodiesel ou du bioéthanol, souligne le Copa-Cogeca. Le reste est utilisé pour l’alimentation animale. La capacité de l’UE à atteindre ses objectifs climatiques et à décarboniser le secteur du transport s’en trouvera amoindrie. »
Les organisations insistent sur le fait que « le débouché que représentent les biocarburants offre aux agriculteurs une possibilité de diversifier la production végétale, ainsi qu’une source de recettes supplémentaires en plus de la production de denrées alimentaires de qualité pour une population mondiale croissante, ce qui est essentiel étant donné leur faible niveau de revenus, les prix très bas des céréales et les excédents sur les marchés. » Et de poursuivre : « La fin du soutien des biocarburants conventionnels aura pour conséquence une réduction de la production de colza en raison de l’absence d’un marché de l’huile de colza. »
Le Copa et la Cogeca demandent donc que « la part des biocarburants conventionnels reste à 7 % jusqu’en 2030 afin d’atteindre nos objectifs climatiques et de maintenir la croissance et les emplois dans les zones rurales. »
La balle est dans le camp des États membres et du Conseil
Lors des journées maïs le 23 novembre à Avignon, les producteurs européens de maïs (CEPM) se sont « opposés à la disparition du bioéthanol de maïs au sein des objectifs européens d’énergie renouvelable. Nous avons répondu aux deux consultations de la Commission européenne sur le sujet, et nous réalisons des actions communes avec les autres organisations des filières des biocarburants, notamment celles du biodiesel. » « La balle est donc dans le camp des États membres et du Conseil qui pourra déposer des amendements au mois de décembre. De ce fait, nous ne devons pas relâcher les efforts », a insisté Gildas Cotten, responsable des nouveaux débouchés à l’AGPM (Association générale des producteurs de maïs).
Bruxelles doit revoir sa politique énergétique selon FNE
De son côté, France Nature Environnement réclame dans un communiqué paru également le 22 novembre que l’Europe revoit sa « politique énergétique. Celle-ci doit se fonder sur la disponibilité réelle de la ressource et sur des critères de durabilité clairs ». L’organisation environnementale demande ainsi « un engagement de la Commission européenne afin de promouvoir ardemment la réduction de la consommation d’énergie, de favoriser les énergies renouvelables vraiment durables et d’arrêter l’usage des agrocarburants de première génération d’ici à 2030. »