«Cela fait trois ans que le bâtiment est en fonctionnement. Nous sommes désormais en rythme de croisière », estime Serge Vallais, l’un des associés de La SCEA Le Gouta, établie à Carentoir, dans le Morbihan. La maternité collective, mise en route en 2017, est le fruit du regroupement de trois élevages. Son troupeau compte 750 truies. « Pour ce projet, nous tenions à anticiper la réglementation concernant le bien-être animal. Des visites d’élevages en Allemagne et aux Pays-Bas nous ont permis d’affiner le choix de notre équipement », poursuit l’éleveur. 180 cases « liberté » ont ainsi été installées et disposées en étoile, par îlots de quatre. En comparaison à un système classique et à surface égale, le même nombre de truies est hébergé. « Le surcoût est néanmoins de 400 € par case environ. »
Le démarrage du bâtiment a été réalisé avec un troupeau entièrement renouvelé. « Commencer avec des cochettes nous a permis de limiter les risques sanitaires. » Chaque case « liberté » est composée d’un réfectoire pour la truie, qu’il est possible d’ouvrir pour la libérer ou de fermer (voir l’infographie ci-contre). Deux barres anti-écrasement sont également présentes, ainsi qu’un nid pour les porcelets. À l’intérieur de ce dernier, la température est maintenue à 32 °C grâce à une plaque chauffante.
Contenir l’écrasement
Les truies sont libérées en moyenne dix jours après la mise bas. « Dès lors, leur consommation d’aliment augmente sensiblement, observe Romuald, fils de Serge et salarié de l’élevage. Il est très probable que les porcelets en profitent, grâce à un lait de meilleure qualité. »
La gestion des porcelets écrasés est l’un des principaux points de difficulté. « Les débuts n’ont pas été faciles, reconnaît Serge. Désormais, on dénombre en moyenne 0,4 à 0,5 porcelet écrasé supplémentaire par rapport à une case classique. » Si certaines mères ont été identifiées pour leur propension à l’écrasement, les facteurs favorisant ce phénomène restent inexpliqués. « La chambre d’agriculture a multiplié les mesures et les observations, mais aucune conclusion n’a pu être tirée. » Pour autant, les résultats techniques sont au rendez-vous. Avec une moyenne de 18 nés vivants et 15 sevrés par truie, 28 000 porcelets sont produits par an.
L’élevage répond au cahier des charges de la démarche « Juste et bon » de l’abattoir de Kermené (E. Leclerc), qui permet d’obtenir un prix du porc indexé sur le coût alimentaire. « Il est important de trouver un débouché qui valorise les efforts », souligne Serge. Une extension de la maternité en cases « liberté » est dans les clous. « À moyen terme, nous envisageons aussi de libérer les truies en verraterie, afin de ne plus avoir d’animaux en contention sur l’élevage. »
V. Guyot