Les cours du sucre restent relativement élevés (entre 19 et 20 cents/lb pour le sucre brut à New York), du fait de la position des spéculateurs, qui sont acheteurs nets d’environ 6 millions de tonnes, un plus haut depuis janvier dernier.
"Cela s’explique par des stocks mondiaux au plus bas dans les pays importateurs comme dans les pays exportateurs, décrit Timothé Masson, du département de l'économie à la CGB (1). Et la demande à court terme semble encore robuste. Au moins jusqu'à ce que le nouveau sucre brésilien soit disponible, en avril prochain, la situation ne devrait pas changer et devrait maintenir la valeur du sucre sur la bonne voie."
Fragilité
Si le marché mondial du sucre est porteur pour l’instant, "il est fragile sur le moyen terme, car en 2022-2023, on devrait avoir un surplus de production par rapport à la consommation, situé entre 3 et 7 millions de tonnes sur un total de 180 millions de tonnes, ce qui de nature à orienter plutôt à la baisse le marché", note Nicolas Rialland, directeur général de la CGB. "Cette situation de surplus serait due aux productions plus élevées au Brésil, en Thaïlande, en Russie et en Chine qui compenseraient largement la baisse dans l’UE, notamment en France (3,6 millions de tonnes de sucre hors jus vert contre 3,9 millions de tonnes la campagne précédente). Il s’agirait de la deuxième production mondiale la plus importante après la campagne de 2017-2018.
Reste à savoir si ce surplus mondial sera vraiment disponible. L’Inde a en effet annoncé le 5 novembre 2022 que les sucreries seraient autorisées à exporter jusqu'à 6 millions de tonnes pour la campagne en cours. "Ce niveau est deux fois inférieur à ce que le pays a exporté l'an dernier (12 millions de tonnes), chiffre Timothé Masson. Avec une production attendue de l'ordre de 38 millions de tonnes, le pays ne pourra exporter 8 millions de tonnes sans réduire une nouvelle fois ses stocks domestiques, désormais au plus bas (7 millions de tonnes)". Selon lui, cela peut aider le sucre à résister.
(1) Confédération générale des planteurs de betteraves.