Intervenir tôt avec des produits efficaces est important pour un bon désherbage sur betterave. La stratégie sera à adapter selon les conditions climatiques de l’année et de la flore présente (aussi bien les espèces que les stades), en tenant compte des évolutions réglementaires. D’après les suivis de l’Institut technique de la betterave (ITB), les chénopodes sont les principales adventices observées, suivies par les ombellifères et les renouées. Concernant les graminées, des problèmes de résistance apparaissent, notamment en Normandie, en Île-de-France et dans l’Oise.
Des innovations sur les programmes
À la suite de l’interdiction du desmédiphame (contenu par exemple dans le Betanal Booster), les produits formulés Betanal Tandem et Belvedere Duo sont dorénavant proposés avec des efficacités similaires aux produits historiques. Pour les chénopodes, des essais menés dans le Nord et l’Oise montrent l’intérêt du Centium 36CS (0,035 l/ha) par rapport au Venzar. Ce dernier est par ailleurs proposé sous forme liquide (0,16 l/ha), ce qui permet de gagner en confort d’utilisation.
Si la pression en ombellifères est modérée, un programme de post-émergence suffit. Pour les fortes infestations, une intervention en pré-émergence est nécessaire avec des produits à base de métamitrone (arrêt de la chloridazone, contenue par exemple dans le Zepplin) : Kezuro (2,5 à 3 l/ha) seul ou associé (1,6 l/ha) à de l’Okido (0,8 l/ha en plusieurs applications en post). La faible dose d’Okido s’explique par le plafonnement du quinmérac à 250 g/ha/an.
Quant aux renouées, elles entraînent des pertes de rendement mais aussi des difficultés en aval puisqu’elles « peuvent arriver jusqu’à l’usine », explique Alexandre Métais, de l’ITB Normandie. En conditions sèches, les essais montrent une meilleure efficacité des programmes intégrant du Safari.
Sur graminées, la stratégie sera de diversifier les modes d’actions et d’optimiser l’usage des adjuvants : les essais montrent que l’association Centurion (0,75 l) - Isard (0,6 l) - huile (2 l) - Actimum (1 l) est la plus efficace comparée aux programmes avec Centurion seul, sans adjuvant ou sans coproduit. Selon Henry de Balathier, de l’ITB Île-de-France, l’efficacité pourrait être améliorée avec 1,25 l/ha de Centurion. En cas de fortes infestations, l’ITB recommande un traitement complémentaire : Avadex 480 (3 l) en incorporé ou Mercantor Gold (de 0,4 à 0,6 l/ha) après le semis.
Coupler différents leviers
En complément des programmes herbicides, l’institut technique préconise le désherbage mécanique le plus souvent et le plus tôt possible. Selon Jonathan Majerus, de l’ITB Champagne-Yonne, la herse étrille peut être utilisée à l’aveugle (quatre ou cinq jours après le semis) jusqu’au stade 2 feuilles des betteraves et la roto étrille du stade cotylédons à 2 feuilles. Quant au binage, il pourra être mis en œuvre à partir du stade 2 feuilles des betteraves. La rotation et le travail du sol sont aussi des facteurs clés de réussite à intégrer dans la stratégie, explique l’ITB.
Charlotte Salmon