« Le potentiel d’abattement des émissions de N2O par chaulage des sols acides fertilisés en France est de l’ordre de 16 % », indique Catherine Hénault, directrice de recherche à l’Inra. Dans l’Hexagone, le secteur agricole est responsable de plus de 80 % des émissions de N2O (1), puissant gaz à effet de serre (GES).

Ces émissions proviennent principalement des sols après un apport azoté, minéral ou organique. « Sachant que le N2O émis par les sols représente 6,5 % des émissions de GES nationales, on envisage, à ce stade, une possibilité de réduction française de 1 % de ces dernières », précise la chercheuse, qui présente les conclusions du projet Solges. En effet, le chaulage (augmentation du pH) permet d’améliorer la capacité des sols à réduire le N2O en N2 (diazote), gaz inerte. Les sols au pH supérieur à 6,8 ont une capacité importante à effectuer cette réaction.

La suite des travaux va consister à consolider ces résultats, mais également à élargir l’approche en prenant en compte tous les GES potentiellement émis lors d’un chaulage, en particulier le CO2. Les premiers calculs suggèrent que, sur une année, les émissions de CO2 pour un chaulage (+ 1 point de pH) pourraient être du même ordre de grandeur que les évitements des émissions de N2O. Mais la durée d’action du chaulage est encore mal documentée.

Aller plus loin

« Il faut également aller au-delà du potentiel technique, en s’intéressant à d’autres éléments comme la vulnérabilité des cultures aux maladies, ou encore les contraintes économiques. Mais nous considérons que c’est une piste solide à creuser pour diminuer les émissions de GES, d’autant plus qu’elle peut se décliner à différents types d’agriculture », conclut Catherine Hénault.

Hélène Parisot

(1) Source : Citepa, 2018.