« La crise du bio, nous l’avons ressentie, raconte Alexandre Amossé, installé en Gaec à La Grigonnais (Loire-Atlantique). Nous avons réduit de 10 % le troupeau provisoirement pour réguler les volumes. Mais notre système est résilient : pâturage, pas de grosse pression financière liée à des investissements, peu de frais fixes. Cela permet de supporter les caprices de la conjoncture et les années climatiques difficiles. »
Pour élever leur centaine de vaches laitières prim’holsteins et montbéliardes sur leurs 132 ha, les trois associés — Alexandre, David Gadessaud et David Hervé, ont un mot d’ordre : l’autonomie. Cette dernière passe d’abord par le choix du bio, qu’Alexandre avait poussé lors de son installation en 2010. « Je ne voulais pas dépendre de produits phytosanitaires ou de la fertilisation minérale » explique-t-il. La ferme obtient le label en 2011, et livre le collecteur Biolait, là encore choisi avec soin. « Le fonctionnement est démocratique, nous avons voix au chapitre » apprécie Alexandre. En lien avec le prix du lait Biolait, chacun se rémunère environ 2 000 € par mois.
1 100 € la tonne de soja français
Le système de l’exploitation est largement basé sur le pâturage. La ferme est entourée de 80 ha accessibles par les vaches laitières. D’avril à juin, les vaches sont uniquement en pâtures et investissent les paddocks, dans des prairies composées de trèfle, de ray-grass anglais et de fétuque élevée. Dès l’été, du fait d’un terrain séchant, elles passent en ration complète, avant de pâturer à nouveau en automne. Pour l’alimentation hivernale, le Gaec produit 15 ha de céréales (pois, féverole, triticale).
La ration se compose de deux tiers d’ensilage d’herbe et d'un tiers de foin et d’ensilage de maïs, complétés par 1 kg de céréales. Lorsque les fourrages sont déficitaires en protéines, les exploitants complémentent avec du soja français. « Cet aliment coûte 1 100 € la tonne, alors, nous l’utilisons avec parcimonie », précise Alexandre. Les associes en achètent 5 à 6 tonnes par an, en fonction de la qualité des fourrages. En conséquence, « nous péchons sur le taux protéique », qui affiche environ 31,2. La bonne qualité du lait permet cependant une bonification sur le prix. Le collecteur reverse également 5 €/1000 litres car les exploitants sont propriétaires de leur tank à lait. Cela leur permet de couvrir l’amortissement de l’achat et les frais d’entretien.
Tank à lait économe
Le tank à lait « à eau glacée », avec une double paroi, permet d’économiser de l’énergie. Dans la paroi externe, des serpentins aspergent d’eau glacée la paroi interne pour refroidir indirectement le lait. Le tank est alimenté par des panneaux photovoltaïques, qui servent aussi pour le racleur et pour la machine à laver les lavettes de la traite.
Les trois éleveurs ont également pensé l’exploitation pour se dégager du temps libre. « Pouvoir sortir de la ferme pour faire autre chose, être en famille participe aussi à la résilience de l’exploitation », témoigne David Gadessaud. Ils ont six semaines de vacances par an. Le week-end, chacun est d’astreinte à tour de rôle, permettant de ne travailler qu’un week-end sur trois.