C’était un moment attendu qui se tenait ce 18 mai 2021 à l’occasion du Grand rendez-vous de la souveraineté organisé pour la Semaine de l’agriculture. Et pour cause, le président de la République Emmanuel Macron a répondu aux interrogations d’agriculteurs français sur différents sujets, évoquant ainsi sa vision de la souveraineté alimentaire française.

Des prix rémunérateurs

« Vivre de son travail, c’est la mère des batailles, a souligné le président de la République. La loi Egalim a permis des avancées. » Évoquant la construction d’indicateurs dans la filière du lait, Emmanuel Macron a rappelé les difficultés que rencontre la filière de la viande bovine. « Il faut compléter ce travail. Aller plus loin. Si les producteurs ne s’organisent pas en organisation de producteurs, on aura beaucoup de mal à avancer. »

 

Emmanuel Macron rappelle que le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, doit prochainement déposer un projet de loi qui « changera en profondeur les négociations commerciales » afin de donner plus de temps, favoriser la pluriannualité pour donner davantage de visibilité aux producteurs, et construire le prix à partir du coût fixe pour une juste rémunération des agriculteurs. L’objectif du président est que cette loi soit votée avant les prochaines négociations commerciales.

 

« Il n’y aura pas de souveraineté s’il n’y a pas de renouvellement des générations agricoles, a poursuivi le président. Je veux encourager nos jeunes à devenir agriculteur. La nation toute entière sera derrière eux. »

Lutter contre la concurrence

Interrogé au sujet de la Pac, Emmanuel Macron a détaillé sa position : « La Pac, c’est notre chance. C’est environ neuf milliards d’euros par an pour l’agriculture française, a-t-il rappelé. C’est surtout ce qui permet à l’agriculture française d’avoir un marché domestique à la taille de l’Europe. Beaucoup de filières exportent et ont besoin de ce marché unique. »

 

Cependant, il a souligné son ambition de lutter contre la concurrence déloyale. D’une part, avec les autres pays européens où il milite pour que chacun avance au même rythme, notamment en matière environnementale et concernant le coût de la main-d’œuvre. Mais aussi vis-à-vis des pays en dehors de l’Union européenne, où le président défend « la clause miroir », autrement dit imposer nos normes aux autres pays.

Prévenir le changement climatique

« Les premières victimes des aléas climatiques sont nos agriculteurs, a-t-il rappelé. Il faut repenser le modèle assuranciel. » Évoquant le travail de réforme de l’assurance mené actuellement par le ministre de l’Agriculture, Emmanuel Macron a souligné l’importance de faire intervenir la solidarité nationale pour supporter le coût de l’assurance agricole.

 

Au sujet de la sécheresse, il a évoqué la tenue prochaine du Varenne de l’eau au ministère de l’Agriculture. À cette occasion, devraient être évoqués tous les projets de retenues d’eau afin de « définir des règles simplifiées pour aller plus vite » et ainsi débloquer leur mise en œuvre en coordination avec les agriculteurs, les chambres d’agriculture, les syndicats et les agences de l’eau.

 

Interpellé sur l’objectif de réduire de 50 % l’usage de produits phytosanitaires, Emmanuel Macron en appelle au pragmatisme : « Je ne laisserai jamais les agriculteurs sans solution. […] On peut avancer sur des alternatives ou des substituts. » Un autre pilier pour le président : la recherche mais aussi l’aide à l’investissement pour permettre aux producteurs de s’équiper.