Lors d’une rencontre avec la presse le 15 février 2017, il a été beaucoup question de l’évolution de la multirisques climatiques que Groupama reconnaît perfectible et pour laquelle l’assureur se dit ouvert à la discussion. Ce dispositif fait l’objet en ce moment de multiples réflexions tant au niveau du syndicalisme (dernier congrès de l’AGPB par exemple) que du Parlement européen.
L’assureur tire les conséquences du fait que le nombre d’assurés a régressé en 2016 et que le contrat socle n’a été choisi que par seulement 6 % de ses souscripteurs d’une assurance multirisques climatiques. Tous les autres ont pris des seuils de déclenchement et de franchise plus bas (87 % ont opté pour une formule 25 %/25 %).
Renforcer l’appétence du produit
Pour renforcer l’appétence du produit, l’idée actuellement débattue est d’abaisser ces deux seuils, sachant que la cotisation sera du coup plus élevée mais qu’elle serait aussi subventionnée à 65 %, comme pour l’actuel assurance socle. Pour cela, il faut cependant que Bruxelles bouge et accepte d’utiliser une possibilité offerte par la boîte orange de l’OMC.
Cette évolution pourrait se faire sans attendre la prochaine réforme de la Pac, via la procédure omnibus de simplification de la Pac. Et dixit le député européen Michel Dantin qui œuvre dans ce sens, les choses avanceraient favorablement au Parlement européen. IL reste à convaincre les pays de l’Europe du Nord, l’Allemagne en tête dans le cadre du Conseil européen.
Que l’État s’implique avec les assureurs dans la cogestion
Le président de Groupama SA, Jean-Yves Dagès, a indiqué avoir proposé au ministre que l’État s’implique avec les assureurs dans la cogestion de la multirisques climatiques en faisant entrer dans le tour de table la Caisse centrale de réassurance (CCR). En tant que « tiers de confiance, via la CCR, il y prendrait une part du risque et serait en capacité avec les assureurs de fixer le montant des cotisations pour permettre l’équilibre (financier ndlr) du dispositif ».
« Cela permettrait à l’État de dire : on distribue des subventions, il est normal que l’on suive la réalité du risque, l’équilibre du risque dans la durée. » Avec cette cogestion, Groupama entend aussi couper court aux critiques qui estiment que l’assureur veut d’abord développer son portefeuille et ses intérêts financiers.
Pas d’engouement notable dans les souscriptions de 2016-2017
Malgré les déboires climatiques de 2016, Groupama n’a pas perçu d’engouement notable dans les souscriptions de multirisques climatiques de 2016-2017 (les chiffres définitifs de l’assureur ne sont pas encore disponibles). Au mieux, la hausse sera de 5, voire 10 % dans quelques départements.
L’explication résiderait dans les problèmes de trésorerie que connaissent les exploitations et dans la croyance que le phénomène climatique vécu en 2016 est du registre de l’exceptionnel. Un mauvais calcul, selon Groupama, qui souligne que c’est justement quand on est fragilisé que l’on a encore plus besoin d’être protégé.
Plus largement, cette assurance fait partie de la panoplie d’outils de gestion des risques que certains souhaitent voir renforcer dans le cadre de la future Pac post-2020. L’assureur en a profité pour expliquer qu’il faudrait utiliser seulement 8 % des crédits du premier pilier pour couvrir au titre des aléas climatiques toutes les productions et environ 85 % des surfaces françaises.
Un solde net de 250 millions de sinistres endossé par l’assureur
En 2016, Groupama a versé le montant le plus élevé jamais établi au titre de l’assurance multirisques climatiques avec 430 millions d’euros de sinistres pour 213,3 millions de cotisations. Sur ce total, une partie a été prise en charge par le pool de réassureurs de Groupama, ce qui laisse un solde net d’environ 250 millions de sinistres finalement endossé par l’assureur.
C’est la première fois en douze ans que ce système de réassurance était activé et c’est grâce à son existence que Groupama dit pouvoir continuer à proposer un tel produit, très peu rémunérateur, voire déficitaire certaines années comme en 2016. Mais qui correspond à un service de couverture du monde agricole lié à son statut d’OPA.