«Dans le Cher, en 2020, dix de mes confrères ont pris leur retraite. Un seul a pu transmettre son cabinet, les autres ont fermé. Nous sommes passés de 202 dentistes en 2011 à 140 maintenant. C’est la catastrophe. Les patients attendent des mois pour un rendez-vous ou sont obligés d’aller dans les métropoles. On est en plein dans le pic des départs et ça va durer quatre ou cinq ans. Des collègues repoussent leur retraite à plus de 74 ans, mais ça ne suffit pas. Cela fait longtemps que l’on sait que ça va être la catastrophe. En 2008, en France, il y avait 1 350 départs et 880 étudiants formés. Aujourd’hui, le numerus clausus a été augmenté à 1 100 places.

Médecine à deux vitesses

Mais il n’y a pas assez de dentistes formés pour faire face aux départs. La profession s’est énormément féminisée, avec plus de 80 % de femmes. Et la génération­ Y souhaite travailler 35 heures et hésite à s’engager. Dans le Cher, nous avons une dizaine de dentistes entre 27 et 35 ans qui préfèrent garder le statut de “collaborateur libéral” au sein d’un cabinet, plutôt que de devenir associé ou de s’installer.

Tout le système fonctionne à l’envers. Un plateau technique correct engendre un coût horaire bien supérieur aux tarifs de la Sécurité sociale… Nous sommes dans une médecine à deux vitesses et cela va encore s’accentuer. »