Fils, petit-fils, arrière-petit-fils d’agriculteurs, Franck Guégan, 33 ans, a repris l’exploitation familiale de Fonténégo, à Sauzon (Belle-Île-en-mer), en 2006. Il élève 45 vaches normandes sur 120 ha, pour une production de 270 000 l de lait. Il a toujours voulu être éleveur à Belle-Île. « Je n’aurais pas pu être agriculteur sur le continent », lance le jeune producteur, du haut de la falaise de Donnant. Étonnant vu ses contraintes...

Comme huit autres producteurs de l’île, Franck livre son lait chez Lactalis. Tous les deux jours, le camion de collecte prend le bateau pour l’acheminer à l’usine de Pontivy. Le coût de 75 000 € est pris en charge par la communauté de communes de Belle-Île (CCBI), les éleveurs et la laiterie. Le département a cessé son aide en 2015.

Raréfaction des aides

Ce surcoût lié au transport reste le principal problème sur l’île. Aliment du bétail, semences, engrais, matériels : « Il faut compter 30 % de plus à chaque fois. » Les vents forts, les embruns chargés de sel, des sols peu profonds, la pluviométrie inégale ne favorisent pas la pousse de l’herbe (4 t de MS/ha) ou du maïs (10 t de MS/ha). En 2010, pour cause de sécheresse, il a fallu transporter 200 t de foin en urgence. L’aide de 37 000 € du conseil départemental a été salvatrice. Soutenu par la région, le syndicat d’élevage a embauché un inséminateur pour maintenir le service sur l’île. « Tout est plus compliqué. Nous y sommes habitués. » Aujourd’hui, les aides des collectivités se font rares, les compétences sont redistribuées. Pour pérenniser l’élevage, Franck devra moins dépendre du continent.

Du lait mieux rémunéré

Le déclic a eu lieu en 2015. Il a répondu à la demande de la fromagerie Pilou, nouvellement installée, qui voulait s’approvisionner localement. Pour satisfaire au cahier des charges, Franck a adapté l’alimentation du troupeau. « J’ai réduit la part de maïs de 25 ha à 18 ha. » Il fait davantage de foin, a introduit de la luzerne. « Je produis moins de lait mais il est mieux payé. » Un changement de système pas si évident tant les esprits sont marqués par le modèle venu du continent dans les années quatre-vingt.

Sa conjointe, Soizic, l’a rejoint l’an passé au sein du Gaec des Menhirs, avec un projet de chèvrerie avec laboratoire. Malgré le retard lié à l’urbanisme (menhirs), les premiers fromages devraient sortir prochainement.