Ce 10 novembre 2019, les journalistes de l’émission politique de France Inter, de France Télévisions et du Monde n’ont pas cuisiné Elisabeth Borne, la ministre de la Transition écologique uniquement sur les intentions du gouvernement concernant la sortie du glyphosate, alors qu’un rapport parlementaire sur le sujet a fuité dans la presse. Ils ont aussi insisté sur le bien-être animal, un dossier qui ne concerne son ministère que pour les animaux sauvages.

« Le lobby des chasseurs a gagné »

Sur le bien-être animal, « on a l’impression qu’il ne se passe strictement rien, argumente Nathalie Saint Cricq, responsable du service politique de France 2. On a fait des permis de chasse à 50 %, le lobby des chasseurs a gagné. Il y a un certain nombre d’espèces, 64 qui ont le droit d’être plus chassé que dans les autres pays européens où on est à 20 ou 30. Et je ne parle pas de la corrida, de la chasse à cour et du broyage des poussins. »

« Le bien être animal je pense que c’est un enjeu majeur de société, lui répond Elisabeth Borne. Je suis en train de mener beaucoup de concertations avec les responsables des cirques, avec ceux qui ont des delphinariums, ceux qui élèvent des visons. Je pense qu’il faut poser des actes forts sur le bien-être animal dans le domaine qui relève de mon ministère, donc les animaux sauvages. »

Des journalistes

Mais la réponse ne satisfait pas Carine Bécard, journaliste sur France Inter, qui repart à l’assaut. « Le gouvernement avait eu une fenêtre de tir extraordinaire pour faire avancer au moment de la loi EGAlim le bien-être des animaux de ferme. Rien ne s’esr fait. Il y a une opportunité que vous n’avez pas saisie sur ces poules qui pourraient être élevées en plein air. Vous avez accepté qu’elles continuent à être élevées en batterie. »

La ministre continue à se défendre : « J’ai repris les concertations qui avaient été engagées par François de rugy et dans les prochaines semaines, on annoncera un plan sur le bien-être animal. Didier Guillaume pour ce qui le concerne travaille sur ces sujets. Je suis là depuis trois mois. Ce dossier, je l’ai pris dès mon arrivée, et on aura des annonces fortes, je pense, dans les semaines qui viennent sur le bien-être animal des animaux sauvages. »

Une charge contre l’élevage

« Mais pourquoi ne parler que des animaux sauvages ? s’impatiente Ali Baddou, qui anime l’émission. Puisque vous êtes ministre de l’Écologie, vous savez aussi que l’avenir de notre planète se joue aussi dans nos assiettes. On sait que l’élevage est une cause majeure du dérèglement climatique. Vous pourriez dire qu’il faut manger moins de viande, qu’il faut encourager les repas sans viande dans les cantines scolaires. »

Et le journaliste poursuit sa charge, avant de donner l’estocade : « Vous pourriez dire qu’il faut se préoccuper de la condition de vie ou plutôt de survie des animaux ou je ne sais même pas comment appeler cela d’un nombre ahurissant d’animaux dans des élevages où ils sont soumis à des conditions monstrueuses, les conditions d’abattage également. C’est aussi le sujet de la ministre de l’Écologie. »

La ministre se défend

« Alors qu’il faille manger moins de viande, c’est bien ce que l’on dit, répond Elisabeth Borne. Et c’est bien pour ça qu’on veut une journée sans viande dans toutes les restaurations collectives, dans les cantines. Évidemment, je me préoccupe du bien-être des animaux. Je dis que ces décisions relèvent dans certains cas de mon ministère et dans d’autres pas de mon ministère. Ça ne veut pas dire que je m’en désintéresse. »

Et d’ajouter : « Je pense aussi au travers de ce vous évoquez que c’est une question de modèle agricole dans lequel les animaux sont mieux. Et je pense que beaucoup d’agriculteurs seront d’accord. Ils sont mieux quand ils ne sont pas en batterie. Ils sont mieux aussi quand ils sont dans les champs. Mais c’est aussi toute la transformation d’un modèle agricole qu’on a tiré dans le mauvais sens pendant des années et sur lequel il faut aujourd’hui revenir. »

E.R.