S’adapter

Compenser les hausses

Changer de stratégie est un défi pour les exploitations d’élevage de bovins allaitants. La longueur des cycles de production amplifie l’inertie des structures. Nathalie Velay, chargée d’étude pour le réseau Cerfrance, a examiné l’évolution de 2 500 exploitationsspécialisées en bovins viande de 2012 à 2015. « Dans notre analyse, seulement 40 % des exploitations ont modifié leur stratégie entre 2012 et 2015 », constate-t-elle. Sur l’échelle de temps de l’étude, les prix des bovins étaient plutôt stables et le coût alimentaire a baissé. Les charges de structure ont augmenté de 2 % par an. Le résultat courant/UMO a baissé en moyenne de 20 %, pour atteindre 13 400 €/UMO en 2015.

Quatre systèmes plus efficients

« Nous avons dégagé quatre trajectoires d’exploitations qui ont amélioré leur résultat courant/UMO en quatre ans », expose Nathalie Velay (voir notre infographie). Certaines fermes ont travaillé sur la productivité de la main-d’œuvre et augmenté fortement le nombre d’UGB sans majorer le coût du travail. D’autres élevages se sont tournés vers la recherche d’autonomie selon deux directions : réorienter la production sur des animaux plus légers permettant de diminuer le coût de production de plus de 200 €/UGB, ou améliorer leur autonomie alimentaire en augmentant la part de céréales à paille et en intensifiant la productivité de la surface fourragère. D’autres ont choisi de finir leurs animaux pour capter la valeur ajoutée de la filière.

Avoir un bon niveau technique

De fortes disparités

Entre une entreprise performante et une autre qui l’est moins, les écarts de marges sur l’atelier bovins viande vont de 160 à 200 €/UGB. De telles disparités s’observent quel que soit le bassin de production. Il existe donc des pistes de progression fortes pour certains éleveurs. Dans un système optimisé, la part des charges opérationnelles ne devrait pas dépasser 35 % du produit pour un élevage naisseur et 45 % pour un engraisseur.

D’abord optimiser l’existant

« Entreprendre un changement en dehors de bonnes conditions est voué à l’échec », prévient Nathalie Velay. Avant d’engager des modifications importantes, il faut déjà avoir une bonne maîtrise technique de l’existant : bénéficier d’un bon taux de renouvellement pour réduire la part de vaches improductives et produire un veau par vache. « Sur 80 vêlages, perdre 0,1 veau représente une perte de produit de 7 800 € par an », détaille Nathalie Velay.Marie Salset