«Le 17 mars 2020, date du premier confinement lié à la Covid-19, tout s’est arrêté net. Nos stations de sports d’hiver se sont vidées en trois jours. C’était une catastrophe. Comment allions-nous vendre nos reblochons, des fromages à durée de vie courte ? Comment nos 700 opérateurs, les producteurs, les fromagers, les affineurs, allaient-ils s’en sortir ? J’ai eu très peur. Au début, je ne voyais pas d’issue. Les gens du pays s’inquiétaient pour nous.

Rapidement et tous ensemble, nous nous sommes retroussé les manches. Nous avons communiqué à la TV et sur les réseaux sociaux. Certaines vidéos, tournées à la ferme ou dans les fromageries, ont été visionnées des millions de fois. La filière a fait preuve d’une grande solidarité. J’en ai encore des frissons.

« Comme les sportifs, ne pas se relâcher, rester dans l’action »

Parallèlement, je me suis impliquée dans le challenge national lancé par le Cnaol (1), « Fromagissons ». En un week-end, il fallait trouver des célébrités prêtes à communiquer positivement sur nos produits. J’ai pensé à Aimé Jacquet, ancien entraîneur de l’équipe de football victorieuse de la Coupe du monde 1998. Il habite dans mon canton mais je ne le connaissais pas personnellement. Cependant, j’ai réussi à lui transmettre un message. Il m’a rappelé immédiatement. Je lui ai expliqué nos soucis et je lui ai dit : “Il faut nous aider !” Très simplement, il a accepté de se filmer chez lui avec son portable et de poster un petit film disant “Mangez du reblochon, et soutenez le produit et les acteurs du territoire”. Il a réalisé deux vidéos, preuve qu’il voulait bien faire les choses. Qu’un gars comme lui, connu internationalement, déclare cela, c’est incroyable ! Je n’en revenais pas. Sa réaction spontanée m’a fait chaud au cœur.

Par téléphone, outre des grands chefs cuisiniers, j’ai pu aussi joindre le rugbyman Benjamin Thiéry, alors à Barcelone. Sur sa vidéo, il revêt un tee-shirt aux couleurs du reblochon, signe de son attachement à notre fromage et à notre région des Aravis.

Quinze jours après le début de la crise, les ventes ont redémarré et, à partir de juin, elles ont progressé. Merci à la France entière de nous avoir soutenus. »

Propos recueillis par Anne Bréhier

(1) Il réunit l’ensemble des syndicats d’appellations d’origine laitières françaises.