Six ans après le terrible incendie qui a ravagé sa ferme, Sylvie Gondonneau, la cinquantaine avenante, est fière de faire visiter son exploitation aux touristes qu’elle accueille. La reconstruction de l’habitation et de trois gîtes dans l’esprit des bâtis du XVIIe est réussie. Une vraie renaissance. L’agricultrice, installée à Monsac (Dordogne), élève une centaine de brebis. Elle partage son temps entre sa production d’agneaux vendus en direct et ses nombreuses responsabilités : au sein des Gîtes de France, de sa compagnie d’assurances, de ses entreprises.
Sylvie est une battante, pas du genre à baisser les bras. Ce caractère bien trempé, elle l’a forgé au cours de ses années de pratique de l’aviron, d’abord sur les rives de la Dordogne, où elle est née, puis sur les cours d’eau internationaux. Cette ancienne sportive de haut niveau a été membre de l’équipe de France d’aviron de 1979 à 1988. Elle est arrivée huitième aux championnats du monde en 1986, et a décroché une médaille d’argent aux championnats d’Europe en 1988.
De l’énergie à déplacer les montagnes
Depuis vingt-cinq ans, Sylvie s’attache à créer du lien social, de l’économie et des emplois. Elle a monté deux magasins de producteurs de pays, dont celui de Port de Couze, qui réunit cinquante producteurs et emploie deux salariés. Son dernier défi : reprendre une boulangerie rurale située à une dizaine de kilomètres de sa ferme.
Avec son mari Olivier, qui travaille à l’extérieur, Sylvie a contribué à la mise en place d’un centre de loisirs, dès 1991, repris depuis par la communauté de communes. Le couple a également initié l’association Delta, qui propose des activités sportives de loisirs dans les villages aux alentours. Au total, Sylvie a favorisé la création d’une vingtaine d’emplois locaux et durables. Elle a encore des projets plein la tête, comme le lancement d’un drive fermier en milieu rural d’ici à la fin de l’année. Ses deux enfants, Julien et Alice, aujourd’hui jeunes adultes, lui demandent souvent : « Maman, quand lèveras-tu le pied ? » Elle ne semble pas prête : « J’aime faire naître des projets sur ce territoire, démontrer que la campagne peut être vivante, avec des loisirs, des commerces, une économie, du lien social entre les générations. Être agricultrice, ce n’est pas vivre repliée sur soi-même. »