L’été 2021 n’aura pas été synonyme d’embellie du cours du porc. Le coup de frein de la demande chinoise en est la principale raison. « Les exportateurs européens sont les premiers touchés », souligne Élisa Husson, économiste à l’Institut du porc (Ifip). En juin 2021, les envois communautaires vers l’empire du Milieu ont reculé de 28,6 % par rapport à mai. Or, il s’agit d’un débouché prépondérant.
Selon les données d’Eurostat, sur le premier semestre 2021, la Chine représentait 57,2 % des exportations européennes vers les pays tiers, avec 1 693 240 t, loin devant les Philippines (185 183 t) et le Japon (169 857 t). Les États-Unis aussi ont subi un net revers commercial en juin, avec des ventes en baisse de 27,7 % sur un mois. « Seuls les fournisseurs brésiliens, certainement grâce à des prix plus compétitifs, voient à cette même période leurs ventes se développer de 8,5 % », poursuit l’économiste. Mais en juillet, les importations chinoises de porc brésilien ont chuté de 13,6 % sur un mois. En conséquence, les cotations dévissent sur les principales places européennes. La référence allemande a perdu 12 centimes sur le seul mois d’août 2021, entraînant dans sa chute les cours des pays nordiques, Danemark et Pays-Bas notamment. « Les débouchés limités des abattoirs nécessitent toujours plus de dévalorisation de la viande face à une concurrence européenne agressive depuis le repli des achats chinois », analyse le Marché du porc breton (MPB).
Chine-Espagne, « un commerce incertain »
En Espagne, premier exportateur européen, le prix du porc n’est pas non plus au beau fixe. Fin août, il accusait onze semaines consécutives de baisse, « une situation inédite en été. » Pour le MPB, sur la péninsule ibérique, « la dernière partie de l’année sera compliquée avec l’augmentation des offres et un commerce avec la Chine incertain ». Et ce, d’autant plus que l’empire du Milieu a récemment déréférencé cinq abattoirs espagnols (1).
(1) Lire La France agricole n° 3919, p. 8.