En début d’année, les opérateurs s’inquiétaient de la lourdeur du marché du soja.

D’abord, il y a eu la consommation chinoise réduite, notamment en raison de la guerre commerciale sino-américaine. Mais depuis début février, l’empire du milieu s’est engagé sur une dizaine de millions de tonnes (Mt) de soja américain, contre 32 Mt en 2017, malgré des droits de douane chinois de 25 % (lire l’encadré).

Ensuite, à cause du shutdown  (N.D.L.R. : cessation de fonctionnement de l’administration américaine), les informations manquaient sur les niveaux de stocks américains. Dans le rapport de l’USDA - le ministère de l’agriculture américain - publié le 8 février, la production de soja a été revue à la baisse et les stocks passent à 24,7 Mt, contre 26 Mt en décembre 2018. Au niveau mondial, ces derniers diminuent également, passant à 106,7 Mt contre 115,3 Mt en décembre 2018.

Reste la domination exportatrice brésilienne qui se poursuit, malgré un léger ramollissement. « Le Brésil répond présent sur le marché du soja avec une production en hausse constante [depuis 1999] », expliquait Pedro H. Dejneka, de MD Commodities, à l’occasion du Paris Grain Day 2019. Ses propos sont à nuancer, puisque la Compagnie nationale d’approvisionnement (Conab) brésilienne a annoncé une baisse de la production de 3,3 % pour la campagne 2018-2019, avec une récolte de 115,3 Mt contre 119,3 Mt l’an dernier (l’USDA tablait sur 117 Mt).

Parallèlement, selon l’USDA, les stocks brésiliens sont en hausse à 24,2 Mt (+ 3 Mt). Et de poursuivre : « Malgré de multiples difficultés, notamment en termes de logistique, la croissance de la surface cultivée en soja se poursuit d’année en année. L’ouverture de voies logistiques et de ports sur le nord du pays permet d’accentuer fortement les expéditions depuis trois ans. C’est pourquoi […] le Brésil a pu assumer, quasiment à lui seul, toute la demande d’importation chinoise sur cette période. La part de surface destinée aux cultures au Brésil n’est que de 7 %, contre 23 % pour les pâtures. C’est donc un énorme réservoir de production pour le soja dans les prochaines années. »

Isabelle Lartigot