Face à l’augmentation du nombre d’agriculteurs « hors cadre familial » et afin qu’ils aient une vraie approche du métier, les premiers espaces-tests ont été créés en 2007. Ils sont aujourd’hui regroupés au sein d’un réseau national (Reneta). Leur mission est d’accompagner des porteurs de projet, à condition qu’ils aient déjà un bagage agricole (diplôme ou expérience professionnelle). La très grande majorité des testeurs ne sont pas issus du monde agricole.
En conditions réelles
« Le but est de leur donner la possibilité de se retrouver en conditions réelles, en étant aux manettes de l’exploitation, pour acquérir de l’expérience par la pratique », explique Alexis Billier, animateur de Pays’en Graine, réseau périgourdin de lieux-tests. Ils sont accompagnés par des tuteurs et des techniciens pour se perfectionner. La gestion de l’entreprise est également abordée. Du foncier et du matériel sont mis à leur disposition. Une faible participation financière leur est demandée, afin de les impliquer davantage.
Les lieux-tests se trouvent souvent sur des terrains vacants, qui appartiennent soit à des collectivités locales, soit à des propriétaires privés, agriculteurs ou non. Certains exploitants prêtent une partie de leur outil de travail, dans le but de trouver un éventuel repreneur ou un futur associé. L’entrepreneur à l’essai, qui dispose d’un pécule, peut également acheter directement le foncier et pratiquer dessus.
L’expérimentation dure un an, renouvelable deux fois. Elle est formalisée par un contrat d’appui au projet d’entreprise (lire La France agricole du 19 avril 2019, n° 3796, pages 58-59). Les testeurs ont le statut d’assimilé salarié auprès de la Mutualité sociale agricole et peuvent continuer à percevoir des indemnités chômage s’ils en bénéficient. Le dispositif ne permet pas toujours de subvenir aux besoins de la personne.
Mûrir son projet
« Le candidat à l’installation reste toujours dans une position réversible », indique Amandine Conrard, coordinatrice d’Ilots paysans, en Auvergne. L’activité est hébergée juridiquement dans une structure qui a la fonction de couveuse. « L’espace-test permet de prendre le temps de mûrir son projet et de se tromper. Il est réussi si la personne arrive à prendre une décision à la fin de sa période d’essai », poursuit-elle.
Pour Nathalie Verdier, coprésidente de l’association Agrobio, membre fondateur de Pays’en Graine, cet outil complète les formations de l’enseignement agricole qui « ne prennent pas suffisamment en compte les personnes qui ne sont pas issues du milieu ».
Il est particulièrement développé dans le domaine du maraîchage, qui ne nécessite pas la mobilisation de beaucoup de foncier et de matériel. Il en existe également dans les autres productions, « mais il est plus difficile à installer », confesse Amandine Conrard. Et sa mise en place dépend surtout de la dynamique des territoires et de la sensibilité des collectivités à vouloir prendre part à ces projets.
Les espaces-tests semblent porter leurs fruits. Selon Renata, en 2018, les deux tiers des participants ont franchi le pas de l’installation, sur les lieux où ils ont pratiqué ou sur une autre structure. Environ 10 % se sont tournés vers le salariat agricole.
Bertille Quantinet