Cet été, les 120 taurillons du Gaec du Joli bois, à Arriance, en Moselle, n’ont pas trop souffert de la chaleur. Le bâtiment, construit en 2010, est suffisamment bien conçu pour que l’ambiance reste supportable, y compris quand les températures dépassent 30 °C. La construction est dotée d’aménagements, telles des trappes de 50 cm de haut sur 2,5 m de large, placées à 20 cm de la base des murs sur le long pan. Elles facilitent la circulation de l’air. « Les taurillons viennent y respirer l’air frais », constate Noël Gandar, le fils de Véronique et Roland, membres de l’EARL. Cette ouverture renouvelle l’air et évacue l’ammoniac généré par l’échauffement de la litière. L’hiver, les trappes sont fermées pour éviter les courants d’air.
Depuis la mise en service du bâtiment, les performances des animaux restent homogènes, sans à-coups, autour de 1 650 g/j, aussi bien pour les 35 charolais de l’exploitation que pour les 130 broutards achetés (charolais ou limousins) chaque année.
Un projet réfléchi
La famille Gandar a pris le temps de réfléchir à la conception de la construction avec Alain Marolleau, de la coopérative Lorca. « Pour chaque projet, nous avons une approche globale qui tient compte des contraintes de l’élevage, comme l’organisation du travail et les règles d’urbanisme, toujours plus contraignantes », souligne le conseiller. L’opportunité d’acheter une parcelle non loin des bâtiments existants a facilité les réflexions.
Les associés ont profité de ces travaux pour « désengorger » le reste de l’exploitation, en construisant un hangar pour le stockage de la paille et des fourrages, et des silos d’ensilage parallèlement à la nouvelle construction. Celle-ci comprend 8 cases de 15 taurillons et un long pan ouvert (48 m). « Nous avons choisi une charpente bi-pente assez haute pour avoir la possibilité de stocker des céréales. Elle est dotée d’une faîtière ouverte de type pare-vent, explique Roland. Par conséquent, le bâtiment englobe un gros volume d’air sous la toiture et celui-ci atténue les effets de la chaleur pendant l’été. » Les plaques translucides sur le toit ne sont pas trop pénalisantes, car elles sont éloignées de l’aire paillée. « Aujourd’hui, on a tendance a réduire leur surface, qui génère un effet de serre », ajoute Alain Marolleau. L’apport de lumière se fait par les longs pans ou les pignons (filets brise-vent).
Réduire l’incidence des vents
« Il y a quinze ans, on tenait compte de la direction des vents dominants d’ouest pour orienter les stabulations. Ce n’est plus tout à fait le cas, car le vent fluctue davantage (sud-ouest et nord-est). Nous réduisons au maximum leur incidence, ainsi que celle de la pluie et du froid », poursuit le conseiller. Le bardage en bois posé au-dessus du mur en béton préfabriqué de 2 m de haut amortit les courants d’air. Les planches mesurent 14 cm de large et l’espace entre chacune est de 14 mm. La surface ouverte représente 10 % du long pan. Les échanges avec l’extérieur sont facilités par l’ouverture totale du long pan opposé. Dans ce contexte, les portes des pignons sont toujours ouvertes en été, et l’ambiance est toujours saine.
« Si les effets de la chaleur s’accentuent, il faudra prendre d’autres mesures et sans doute s’inspirer de l’expérience de nos voisins italiens, espagnols ou américains pour la conception des bâtiments futurs, explique Alain Marolleau. Ils pourraient comprendre un toit simple, le plus souvent isolé, sans translucides, et avec des bardages sur les pignons et les longs pans totalement amovibles. » Toutefois, si les prix de vente restent sur les même bases, le choix des équipements se réduira pour les investisseurs.