L’an passé, la production chinoise de porcs a officiellement baissé de 3 %, ce qui représente un déficit de 21 millions d’animaux. La pénurie, et les prix très élevés qui l’ont accompagnée, ont offert une bouffée d’air aux producteurs européens. Ces derniers ont ainsi vendu plus de 1,8 million de tonnes de viande de porc à la Chine (+ 66 % par rapport à 2015), soit plus de la moitié de ses importations de 3 millions de tonnes.
Mais les grands groupes chinois, qui ont vu leur rentabilité dopée par les prix élevés des dix-huit derniers mois, veulent augmenter fortement leur production. D’autant que le gouvernement encourage la restructuration de la filière vers de grands élevages, pour des raisons environnementales et sanitaires. « Une partie de l’augmentation annoncée vient de rachats d’animaux ou d’exploitations existantes, tempère Jan-Peter Van Ferneij, en charge de la veille internationale à l’Ifip (Institut du porc). Installer de nouvelles fermes est de plus en plus complexe, en raison des exigences environnementales. Le manque de main-d’œuvre qualifiée constitue aussi un frein à la hausse de la productivité. »
Prix sous pression
Une chose est sûre, le prix du porc a déjà commencé à baisser. « Le kilo de porc charcutier vivant s’échangeait, mi-mai, à 13,80 yuans (1,80 euro), alors qu’il valait encore 18,9 yuans (2,50 euros) en février 2017 », témoigne Yann Morel, directeur de Cooperl en Chine. Pour la plupart des observateurs, cette baisse des prix est due à la hausse de la production.
Avec le retour sur le marché du Canada et des États-Unis, la pression est plus forte que l’an dernier. La réouverture rapide du marché chinois aux importations brésiliennes après le scandale de la viande avariée, en mars dernier, peut laisser penser que la concurrence est la bienvenue pour maintenir les prix sous pression. 2017 ne sera donc pas une nouvelle année record en valeur. Quant aux volumes, les avis divergent. Certains estiment qu’ils pourraient se maintenir. Yann Morel, lui, s’attend plutôt à un reflux dès le troisième trimestre.
Pour tous, l’année 2018 sera difficile. Malgré la modernisation, une part importante de la production chinoise dépend encore de petits élevages, dont la production varie sensiblement selon les prix. Les risques sanitaires restant également très importants, le marché n’en a probablement pas fini avec les fluctuations de grande ampleur.