«Depuis deux ans, beaucoup de trésoreries sont dans le rouge. L’érosion des primes et des prix de vente a réduit les marges des céréaliers. Quand les petits rendements s’y ajoutent, comme en 2018, la situation devient critique », affirme Didier Jeannet, président de la FDSEA de l’Aude. Depuis trois ans, les surfaces en céréales et oléoprotéagineux s’effritent. Des jachères, des cessations d’activité avant la retraite, des terres mises en vente qui ont plus de mal à trouver preneur… Autant de signaux d’alerte qui ont poussé le comité régional des céréales (CRC) à lancer, avec l’appui de l’Administration, une réflexion interfilières qui associe céréales, oléoprotéagineux, légumineuses et semences. « Pour réfléchir à l’avenir de notre territoire, nous devons sortir d’une vision par produit », affirme Jean-François Gleizes, président du CRC.
Des choix collectifs
Des axes prioritaires ont été définis et des groupes de travail constitués pour plancher sur l’innovation, l’accompagnement technique, la recherche de valeur ajoutée, les investissements nécessaires pour gagner en compétitivité, ou encore la consolidation des liens avec les pays du bassin méditerranéen. Les organismes stockeurs participent à cette réflexion. Chacun a ses projets. En discuter avec les autres n’est pas toujours facile, mais nécessaire. « Ce n’est pas une simple crise, où il suffit de faire le dos rond. Nous devons revoir notre façon de produire, de collecter et de commercialiser, du local jusqu’à l’international », affirme Jean-François Naudi, président de la coopérative Arterris. Celle-ci s’est déjà engagée dans la recherche de diversifications pour ses adhérents. « Nous optimisons aussi nos outils industriels, afin de réduire les charges. Mais avant d’investir dans de nouvelles filières, nous avons besoin de réfléchir collectivement à ce que nous voulons faire », souligne-t-il.
Autres objets d’étude pour le CRC : des légumeries pour approvisionner des cantines, des protéines végétales pour l’alimentation humaine, ou encore la luzerne et le soja non OGM pour les éleveurs de la région.
De leur côté, les agriculteurs cherchent des solutions pour regagner de la valeur ajoutée. « Plutôt qu’investir pour s’agrandir, est-ce qu’il ne vaut pas mieux se diversifier pour transformer ? », se demande Didier Jeannet. C’est en tout cas le choix que font les nouveaux installés. « Il y a encore des jeunes qui croient dans ce métier, c’est un point positif ! », affirme-t-il.
Frédérique Ehrhard