C’est le sujet qui fait le buzz en ce moment sur les forums fréquentés par les agriculteurs américains : quel logiciel pirate choisir pour pirater le terminal du tracteur. Ceux qui se lancent en quête de cette information ne sont pas des hackers (pirates informatiques) hors la loi mais simplement des agriculteurs qui souhaitent effectuer des réparations simples et des mises à jour sur leur tracteur sans passer par un concessionnaire de la marque.

Réparation réservée aux concessionnaires de la marque

Avec le développement des capacités des terminaux sur les engins agricoles et de la télématique, les constructeurs multiplient les verrous électroniques pour limiter l’accès au logiciel du tracteur. Il faut disposer du bon programme pour réaliser les mises à jour, obtenir des clés de validation auprès du constructeur pour réaliser une réparation…

 

En Europe, la nouvelle réglementation « Mother Regulation » entrée en vigueur au début de 2017 impose aux tractoristes de donner un accès au logiciel source ainsi qu’à toutes les informations techniques nécessaires pour effectuer une réparation, à qui en fait la demande. Il n’existe pas de réglementation équivalente aux États-Unis et c’est ce que dénoncent les agriculteurs du Nebraska, qui ont porté l’affaire devant la cour suprême de cet État de la corn-belt.

 

Pour enfoncer le clou, depuis octobre 2016, John Deere a ajouté un nouveau paragraphe à ses conditions de vente. Celui-ci interdit à tout acquéreur d’un tracteur de cette marque de procéder à des modifications ou réparations sur le tracteur sans intervention d’un technicien agréé.

Un marché noir polonais et ukrainien

Afin de contourner ces obstacles et de réaliser des économies sur les réparations et les mises à jour, de nombreux farmers et réparateurs indépendants téléchargent des logiciels pirates sur l’internet. Fournis par des revendeurs ukrainiens et polonais qui ont accès aux logiciels d’origine des tractoristes, ces programmes pirates coûtent autour de 500 €.

 

Selon les adeptes de cette solution, ils sont rentabilisés très rapidement si l’exploitation se trouve à plus de 50 km de la concession officielle, les frais de déplacement dépassant rapidement 200 €. Il reste à savoir à quoi s’expose un agriculteur qui a signé l’interdiction de réparation hors du réseau et utilise le logiciel pirate. Le tractoriste peut-il bloquer son matériel lorsque le concessionnaire agréé détecte une intervention non autorisée, comme le craignent certains ? Autant de batailles juridiques en perspective au pays de l’Oncle Sam.