Bernard Girard et ses 350 brebis ne quittent jamais les bords de la Loire. À Noël, ils étaient localisés à Mesves-sur-Loire, mais dès le 8 janvier, ils ont rejoint Pouilly-sur-Loire, les deux dans la Nièvre. « J’effectue six à huit transhumances par an, précise l’éleveur. J’ai toujours apprécié cette conduite extensive, génératrice de biodiversité. Lorsque j’exploitais dans le Cantal, mes brebis valorisaient déjà les estives en Auvergne. » En 2008, Bernard a franchi un cap en reprenant un troupeau sur les bords de la Loire. Désormais, il ne dispose d’aucun bâtiment, ni d’aucun stock fourrager. Tous les jours de l’année, il explore les différents sites de la réserve du Val de Loire avec son troupeau (lire l’encadré). La nuit, les animaux sont regroupés au centre de clôtures mobiles, tandis que l’éleveur rejoint sa caravane.

Une conduite stricte

Pour faire face à ces fortes contraintes et aux aléas de la météo, Bernard a mis en place une conduite technique stricte. En décembre, les brebis sont en lutte avec les béliers pendant trente-quatre jours. Ainsi, les agnelages sont regroupés pendant le mois de mai (de 20 avril au 6 juin). Ils se déroulent sur le site de Mesves-sur-Loire. Celui-ci dispose de 30 ha de « pelouses » adaptées. « Je vends les agneaux à l’âge de 120 jours à la coopérative, au début du mois de septembre, précise Bernard. Ils ne sont pas tout à fait finis, mais ils sont rustiques et l’engraisseur est satisfait de leur croissance. »

Le bilan technique du troupeau est bon. En 2016, la fertilité s’affichait à 94 %, la prolificité des solognotes x suffolks à 150 %, tandis que la mortalité des agneaux ne dépassait pas 13 %. La rentabilité n’était toutefois pas au rendez-vous. « Le système n’est pas viable sans les mesures agroenvironnementales (MAEC) que nous percevions avant 2015, souligne l’éleveur. En 2016, j’ai vécu avec 500 € par mois. J’aimerais que mon travail soit reconnu par un contrat de prestation de service avec l’État ou les collectivités. »